La plateforme de SVOD incite désormais ses utilisateurs à désigner leur foyer de référence lié à leur compte Netflix. Mais cela suffira-t-il à l'entreprise pour s'assurer que cette mesure impopulaire est bien appliquée ?
Visiblement non. Face aux répercussions économiques espérées par Netflix et à la capacité des internautes à déjouer toutes sortes de restrictions, le géant américain aurait décidé de mettre les bouchées doubles en s'armant d'un tout nouveau programme d'intelligence artificielle.
L'adresse IP publique comme point de repère
Dorénavant, l'utilisation d'un compte Netflix en dehors de son domicile est interdite. Les abonnés sont invités à désigner celui-ci depuis l'appareil sur lequel ils regardent leurs programmes favoris. La plateforme reconnait alors le foyer à l'aide de l'adresse IP publique du réseau auquel l'appareil en question est connecté. Ensuite, tout autre dispositif connecté au même réseau pourra utiliser les identifiants du compte Netflix en question sans aucune restriction.
Que se passe-t-il lorsque ce réseau change d'adresse IP publique ? Faut-il recommencer la désignation du foyer, avec un processus de vérification potentiellement fastidieux ? Peut-être pas, ou du moins pas systématiquement, car personne ne souhaite voir sa pizza refroidir avant de pouvoir regarder un film. En effet, Hervé Lemaire, spécialiste de la protection des contenus, explique que Netflix dispose « d’algorithmes qui reconnaissent automatiquement l’adresse IP localisée par région, mais aussi l’adresse MAC propre à la carte réseau d’un appareil ».
Ainsi, en étant relativement peu stricte dans ses critères de localisation, et en prenant en compte diverses données liées aux habitudes de visionnage de ses abonnés, la plateforme se laisserait une certaine marge d'erreur avant d'importuner ceux-ci. D'autant plus qu'elle a déjà annoncé un certain nombre d'exceptions permettant aux utilisateurs d'accéder à leur compte depuis plusieurs réseaux différents, dans le cas de voyageurs réguliers ou de gardes alternées, par exemple.
Un peu plus d'intelligence artificielle dans le processus
Si vous pensez déjà à une multitude de techniques pour leurrer Netflix, sachez que la plateforme a déjà pensé à tout. Et, qui va lui prêter main-forte ? Adobe.
L'éditeur de logiciels audiovisuels réputés, tels que Photoshop et Premiere Pro, a récemment développé un programme d'intelligence artificielle capable de mieux comprendre le comportement des utilisateurs des plateformes de SVOD que les algorithmes utilisés jusqu'à présent par celles-ci. Baptisée Primetime Account IQ, elle serait capable, entre autres, de détecter le partage de compte là où les techniques plus traditionnelles n'y parviennent pas toujours.
Alors que certaines plateformes, comme Prime Video, se moquent ouvertement de Netflix et de sa position hostile au partage de compte, d'autres pourraient être amenées à emboîter le pas de cette dernière. En effet, Adobe n'a pas seulement conclu un partenariat avec la société basée à Los Gatos, mais également avec Disney + et HBO Max. Cela annonce-t-il la fin quasi universelle du partage de compte gratuit ? Pas nécessairement, mais l'éditeur de Photoshop souligne que « les fournisseurs de SVOD américains sont confrontés à des pertes de revenus de 25 milliards de dollars par an en raison du partage illégal d'identifiants ». De quoi faire réfléchir…
Source : Ouest-France, Adobe