La puissante autorité américaine des transports aériens autorise à nouveau Virgin Galactic à faire voler son avion-fusée VSS Unity… Tandis que Blue Origin prépare sa capsule New Shepard à décoller dans moins de deux semaines. Le duel de l'été pour le tourisme suborbital a repris !
Les milliardaires en moins…
Blues galactique
En juillet dernier, Virgin Galactic avait réussi in extrémis à couper la route à son concurrent direct dans le domaine du tourisme à la frontière de l'espace, Blue Origin. Le milliardaire et fondateur de l'entreprise Richard Branson avait volé avec deux pilotes et trois autres passagers jusqu'à 86,1 km d'altitude, avant un retour en triomphe sur la piste du Spaceport America, le 11 juillet. Neuf jours plus tard à peine, la capsule spatiale de Blue Origin, New Shepard, décollait du site de Van Horn au Texas, avec ses quatre premiers passagers, dont Jeff Bezos, l'homme le plus riche du monde, mais aussi le fondateur de Blue Origin.
Une véritable bataille de coqs autour d'un marché aussi étonnant que ses perspectives laissent dubitatif : celui du tourisme suborbital, des vols de quelques minutes pour profiter de l'immensité spatiale hors de l'atmosphère, en impesanteur face à la courbure de la Terre. Août et septembre ont passé. Blue Origin a déjà fait voler un autre exemplaire (non habité) de New Shepard, et se prépare pour la suite. Mais Virgin Galactic n'a pas dit son dernier mot…
La face cachée du nouveau tourisme ?
L'affaire n'a éclaté qu'en septembre, mais il se trouve qu'au cours de sa dernière parabole, l'avion-fusée VSS Unity est sorti de son domaine de vol durant plus d'une minute. Une alerte a retenti dans le cockpit, qui aurait pu (et selon certains, dû) annuler toute la mission. Toutefois, tout s'est heureusement bien passé… sauf que ce genre d'incartade n'est pas passée inaperçue.
Immédiatement après le vol, la FAA (autorité américaine de l'aviation) a diligenté une enquête, interdisant de fait de nouveaux vols de l'avion VSS Unity. Il aura fallu jusqu'au 29 septembre pour que le différend soit levé avec Virgin Galactic. L'entreprise s'est engagée à définir une zone d'exclusion plus grande pour ses paraboles à la frontière de l'espace, et surtout à transmettre ses données « en temps réel » à la FAA.
Aucune annonce n'a encore eu lieu concernant le prochain vol habité de l'entreprise, qui enverra une équipe italienne mener plusieurs expériences durant la parabole. Ce qui n'est pas un « vol touristique » proprement dit, mais s'approche toujours un peu plus du service que compte proposer Virgin Galactic à ses clients de façon régulière.
Blue, un coup d'avance… ou pas
Pour son concurrent Blue Origin, les opérations de New Shepard semblent déjà entrer dans un cycle de vols réguliers. Le prochain est d'ores et déjà prévu pour le 12 octobre, et l'identité de deux des quatre passagers est déjà connue : Chris Boshuizen (co-fondateur de Planet) et Glen de Vries (co-fondateur de Medidata). Selon certaines rumeurs, l'acteur nonagénaire William Shatner (Star Trek) ferait lui aussi partie de l'équipage.
Un nouveau vol pour clients fortunés au nez et à la barbe de Virgin, mais qui n'éteindra pas le feu des critiques que subit actuellement Blue Origin. En plus de l'activité touristique décriée, l'entreprise est en effet en procès contre la NASA (qui l'accuse de ralentir son programme lunaire) et fait l'objet d'une charge inédite d'une vingtaine d'employés aujourd'hui même, accusant une détestable culture d'entreprise entre sexisme et conditions de travail toxiques. Les débuts du tourisme spatial ne se font pas sans fanfare…