Pour pouvoir significativement augmenter sa future cadence de vols, Virgin Galactic a commandé deux nouveaux avions porteurs à Aurora, filiale de Boeing. Le premier exemplaire sera livré en 2025. Mais, d'ici là, il faudra encore montrer les capacités des avions-fusées qu'ils vont transporter !
Cela fait un an que le VSS Unity n'a pas volé.
Eve aura du renfort
C'est bien lorsqu'il n'y a aucun revenu qu'il faut investir, non ? Que cette maxime soit vraie ou pas, elle s'applique à Virgin Galactic. L'entreprise a annoncé ce 6 juillet qu'elle achetait deux nouveaux avions porteurs à Aurora Flight Sciences, une division de Boeing. Ces derniers viendront appuyer le vénérable « VMS Eve » de type WhiteKnightTwo, qui vole au service de l'entreprise depuis 2008.
Eve subit actuellement, et depuis l'automne dernier, une grande campagne de révision et de préparation pour les futures opérations commerciales de ces prochaines années. Néanmoins, l'appareil accuse son âge, et Virgin envisage une grosse montée en puissance de ses vols touristiques à la frontière de l'espace.
Voler haut, et souvent
Les deux porteurs auront donc, comme le VMS Eve, la mission de transporter les avions-fusées VSS Unity, VSS Imagine et leurs successeurs jusqu'à pratiquement 15 kilomètres d'altitude avant de les larguer sur un point très précis.
Toutefois il faut noter que ni Virgin Galactic ni Aurora n'ont évoqué de précisions techniques sur les appareils. Seront-ils identiques au VMS Eve avec une conception plus moderne, ou adopteront-ils un design différent ? Dans tous les cas, ils devront supporter jusqu'à 200 vols de « portage/largage » par an, avec une maintenance facilitée et une première livraison attendue en 2025. La phase finale de leur assemblage aura lieu chez Virgin Galactic à Mojave (Californie).
Et pour un crédit de plus…
Néanmoins, cette commande peut interroger, en particulier à cause de la situation de Virgin Galactic. L'entreprise continue de diluer sa valeur en actions (qui ont perdu la moitié de leur valeur de l'an dernier) et de lever des fonds… En effet, elle n'a pas de revenus, et ce, depuis pratiquement 20 ans. Ces deux dernières années seulement, les pertes s'établissent autour du milliard de dollars, et le premier trimestre 2022 n'a pas fait exception (93 millions de perte).
Le SpacePort America ne devrait d'ailleurs pas reprendre de service avant la fin d'année pour des vols d'essais du porteur VMS Eve et de VSS Unity. Le premier véritable vol commercial a été repoussé au premier trimestre 2023, et cela fait déjà pratiquement un an que le fondateur emblématique de Virgin Galactic, Richard Branson, a pu réaliser son rêve dans l'avion-fusée. Dans ce cadre, et sachant que Virgin n'a réussi que quatre vols suborbitaux jusqu'ici, difficile de croire à des cadences de 200 vols par an. Lors de son entrée en Bourse en 2019, l'entreprise anticipait 4 avions-fusées, 170 vols et 400 millions de dollars de revenus… en 2022.
Depuis juillet 2021, l'unique concurrent de Virgin Galactic, Blue Origin, a fait voler 26 passagers, avec une cadence d'un vol tous les deux mois environ et qui pourrait augmenter. Plus réaliste ?