Comme la campagne précédente, ce décollage et largage avaient lieu de nuit. Crédits : Virgin Orbit
Comme la campagne précédente, ce décollage et largage avaient lieu de nuit. Crédits : Virgin Orbit

Ce devait être un début d'année sur les chapeaux de roue pour Virgin Orbit, qui avait mis presque un an pour obtenir l'autorisation de décoller avec sa fusée larguée par un 747 depuis le Royaume-Uni. La mission « Start Me Up » a bien eu lieu ce 10 janvier, mais elle s'est soldée par un cuisant échec.

Aux problèmes techniques s'ajoute l'humiliation d'une « grande première » qui a tourné à la catastrophe.

Larguer les amarres pour l'Angleterre

Musique des Rolling Stones, ambiance anglaise, Virgin Orbit avait mis les petits plats dans les grands pour son premier décollage depuis le « Spaceport Cornwall », aéroport privé transformé pour accueillir des activités spatiales. Depuis que l'entreprise basée à Long Beach (Californie) a obtenu l'autorisation de l'administration britannique, elle prépare sur place le décollage de son 747 modifié, le « Cosmic Girl » avec sa fusée aéroportée LauncherOne.

Pas une mince affaire que de traiter avec les autorités pour le tout premier lancement orbital depuis le territoire anglais et même de l'Europe de l'Ouest ! Un petit raccourci de langage pour la communication de Virgin Orbit, certes, car si la fusée décollait bien des Cornouailles, elle était larguée au-dessus de l'Océan très au large des côtes sud-irlandaises. L'avion et sa fusée (avec neuf satellites sous la coiffe) se sont envolés peu après 23 h (Paris) et le largage a bien eu lieu à la fin du compte à rebours à 00 h 11.

Du grand événement à la débandade. Crédits : Virgin Orbit
Du grand événement à la débandade. Crédits : Virgin Orbit

Coup d'arrêt pour LauncherOne

La phase de largage et d'allumage du moteur principal s'est bien passée, un élément essentiel pour la sécurité du lancement et de l'équipage de l'avion porteur, qui est revenu se poser sans encombre. Pour la partie lanceur toutefois, le voyage a été moins idéal. Le premier étage a tenu ses promesses, mais le deuxième a souffert d'une anomalie alors qu'il avait propulsé l'ensemble à plus de 17 000 km/h. La fusée a donc bien atteint l'espace, mais n'a pu rejoindre l'orbite, ce qui a condamné les neuf satellites qu'elle transportait à la destruction. La fusée s'est désintégrée au large des Canaries.

Pour ajouter un problème supplémentaire à cet échec en vol, la communication de Virgin Orbit n'a pas suivi de très près les événements, annonçant de façon prédéfinie et prématurément une mise en orbite et, presque, la fin de la mission réussie… Des tweets et messages ont été relayés par de nombreux internautes, dont des politiciens, qui n'ont découvert que ce matin la réelle conclusion du vol.

2023 sera longue…

Virgin Orbit a présenté ses excuses aux clients de ce vol (le gouvernement anglais et américain, plusieurs entreprises privées anglaises, polonaises et le Sultanat d'Oman, qui avait son tout premier satellite à bord), mais entame une année difficile. En effet les promesses de hausse des cadences de vol ne se sont pas concrétisées pour l'instant (deux tirs par an), et cet échec ne va pas accélérer les choses.

Avec deux crashs en six vols, LauncherOne ne jouit pas d'une bonne réputation… alors même que Virgin Orbit, qui est cotée en Bourse depuis deux ans, fait face à des pertes importantes et risque de manquer de moyens d'ici la fin d'année. L'entreprise devra trouver rapidement une solution technique, et réussir ses prochains vols pour rassurer clients et prospects. Sans quoi, au Royaume-Uni comme aux États-Unis, l'entreprise sera au pied du mur.

Les lancements de fusées orbitales portées par avion, un délicat compromis
Sur le papier, ce qui a l'air d'être une idée pratique peut rapidement se transformer en un cauchemar logistique et humain. Pourtant, régulièrement depuis 60 ans, de nouveaux acteurs tentent de marier les deux domaines… avec quelques succès, et de nombreux projets abandonnés en route.

Source : Virgin Orbit