Tim Connor habite à Takoma Park, une petite ville tranquille du Maryland. Alors que la rue dans laquelle se trouve sa maison est généralement très tranquille, il vu débarquer du jour au lendemain des centaines de véhicules la traversant tout au long de la journée. Il a rapidement compris que les responsables de ce trafic soudain n'étaient autre que les applications GPS mobiles, et notamment Waze, le service de Google particulièrement populaire.
« Je pouvais les voir sur leurs smartphones » explique-t-il au Washington Post. « Il y avait des embouteillages, les gens klaxonnaient. C'était assez pénible. » Si les gens se sont soudainement mis à passer par cette route, c'était en raison d'une voie en travaux qui impliquait un détour. Si Waze évite de proposer des chemins trop escarpés ou accidentés, diriger ses utilisateurs vers un quartier résidentiel ne lui pose aucun problème.
Durant les heures de pointe, Tim Connor a constaté que le trafic pouvait grimper jusqu'à une voiture toutes les deux secondes passant devant sa maison. Et les ennuis ont continué après la fin des travaux, puisque de nombreux conducteurs, satisfaits du trajet, ont continué à l'emprunter. Alors le riverain est devenu « un saboteur » de Waze : aux heures de pointe, il donnait de fausses informations signalant une épave fictive, un contrôle de vitesse ou des travaux. Une méthode qui lui a permis, durant 2 semaines, de détourner une partie du trafic... jusqu'à ce que les modérateurs de l'application se rendent compte de la supercherie.
Une grogne générale
La grogne de Tim Connor est loin d'être isolée. « Avant, seuls les habitants du coin connaissaient les raccourcis, mais Google Maps et Waze en ont décidé autrement. Maintenant, tout le monde est au courant » déplore Bates Mattison, le conseiller municipal d'une petite ville de Géorgie qui s'est retrouvée un jour au coeur d'un itinéraire conseillé par l'application. « Dans certains cas extrêmes, nous luttons pour préserver le caractère sacré des quartiers résidentiels. » Certaines communes décident de résoudre ce type de problème en bloquant les routes à l'aide de sens interdits, notamment.Un constat qui se réalise dans le reste du monde, et qui ne concerne pas uniquement les quartiers résidentiels dont la tranquillité est troublée : il y a parfois plus grave. En mars dernier en Cisjordanie, deux soldats israéliens qui utilisaient Waze pour se guider se sont retrouvés par erreur dans un camp de réfugiés palestiniens. Bilan d'un itinéraire dangereux : un mort et quinze blessés. Pour cette situation, Waze blâmera les soldats qui auraient selon lui fait un mauvais usage de l'application.
Une rapide recherche dans Google montre pourtant que les problèmes sont nombreux, aussi bien du côté des automobilistes que des riverains. Le forum de Waze permet de trouver des messages de conducteurs qui demandent de l'aide pour limiter les accès à certaines routes, notamment celles limitées aux riverains ou aux exploitations agricoles, qui ne sont pas toujours reconnues comme telles par l'application. Waze a beau être le service communautaire le plus populaire de sa catégorie, il a encore du chemin à faire pour satisfaire le plus grand nombre, y compris ceux qui ne l'utilisent pas.
A lire : Infotrafic : 1 mois avec Waze, TomTom, iCoyote et Inrix
- Retrouvez Waze pour Android, et Waze pour iOS dans notre logithèque