La municipalité souhaite attendre le rapport de l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses) avant d’autoriser l’installation des antennes 5G sur son territoire.
La 5G est au centre d’un débat houleux : si certains y voient une promesse de développement économique, d’autres redoutent son impact sur la santé. À Lille, le conseil municipal joue la carte « Amish » pour contrer le déploiement de la technologie.
L'impact réel de la 5G mis en doute
Le conseil municipal a adopté un moratoire sur le déploiement de la 5G dans la nuit de vendredi à samedi 10 octobre. Pour installer des antennes, il faudra attendre le rapport de l’Anses prévu sur le sujet, en 2021.
« Les rapports officiels publiés ces derniers mois (…) ne permettent toujours pas aux instances les plus compétentes d’exclure tout risque réel sur les populations en lien avec l’exposition à cette nouvelle technologie » déclare le conseil municipal.
Outre le risque sanitaire, la ville de Lille a fait part de ses doutes quant à la dimension économique du projet : « La relance économique au service de l’emploi et de la transition écologique n’est-elle pas prioritaire ? ». Enfin, les dimensions de sobriété numérique et d’opportunité (« le déploiement de la 5G n’a pour nous de sens que s’il sert en priorité l’exercice de mission d’intérêt général ») sont également pointées du doigt par les élus lillois. Dans cette optique, ils appellent la Métropole européenne de Lille (MEL) à adopter une position similaire.
L'État et les villes dos à dos ?
Le vote de ce moratoire intervient quelques semaines après qu’une tribune signée par 70 personnalités politiques de gauche appelait le gouvernement à un moratoire national, en attendant que l’Anses se prononce sur la question.
De son côté le secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques, Cédric O, n’a pas manqué de critiquer la maire socialiste : « Cette décision est une tartufferie incompréhensible venant d'une ancienne ministre. (…) Si Martine Aubry a des doutes, il faut qu'elle prenne le temps de lire les études scientifiques. Depuis 2003, l'Anses a rendu tous les ans un rapport sur les ondes téléphoniques et ils ont systématiquement conclu à l'absence d'impact sanitaire au-dessous des valeurs limites ».
Pour rassurer les maires, le secrétaire d’État entend notamment renforcer le contrôle des téléphones « qui sont, encore plus que les antennes, la première source d’exposition aux ondes électromagnétiques ». En 2021, l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) sera ainsi chargée de doubler les contrôles de smartphones : « Elle effectuera donc 140 contrôles de l'exposition du public aux ondes, c'est-à-dire du Débit d'absorption spécifique (DAS) d'un appareil. Ce volume permettra de cibler les smartphones 5G les plus vendus et de faire des tests complets sur des versions logicielles différentes. (…) Toutes ces données seront rendues publiques » assure le secrétaire d'État.
Si le bras de fer est lancé entre l’État et un certain nombre de collectivités, un doute persiste quant aux réels moyens de nuisance de ces dernières : « Le seul pouvoir d'un maire est d'empêcher l'accès d'un opérateur à un site d'antennes situé sur le parc immobilier social, mais ils ne peuvent pas empêcher le déploiement dont les fréquences viennent d'être attribuées » assure Cédric O.
Pour le secrétaire d’État, ça ne fait pas de doute : la 5G sera bien en place d'ici la fin de l’année.
Sources : Le Monde, Le Journal du Dimanche