Le directeur général d'Ericsson, l'un des principaux équipementiers de la 5G, a livré son inquiétude quant au retard européen sur le développement du réseau sans fil de cinquième génération.
Alors que la France et d'autres pays européens n'ont pas encore démarré les enchères de la 5G, Börje Ekholm, le directeur général d'Ericsson, s'est confié auprès quelques médias et spécialistes en marge du Mobile World Congress de Barcelone. Le dirigeant a partagé son scepticisme relatif s'agissant du grand lancement de la 5G en Europe et pointé le comportement des divers gouvernements du continent de ces dernières années.
« Nous avons les réseaux que nous méritons »
Börje Ekholm s'exprime sur la 5G en indiquant que « si l'Europe continue sur sa trajectoire actuelle, elle sera en retard », selon des propos rapportés par Les Echos. Le climat ne serait en effet pas propice à l'investissement. Le dirigeant du géant suédois a plusieurs explications pour justifier les difficultés européennes.« Cela tient à la disponibilité du spectre radioélectrique, mais aussi au prix des fréquences et à la régulation », indique-t-il. Selon lui, l'Europe fait elle-même le choix d'être en retard en rendant compliqués les investissements qui devraient être utiles à bâtir les réseaux. « Nous avons les réseaux que nous méritons », martèle-t-il.
Au fil des ans, l'Europe a été dépassée sur le front des réseaux sans fil
Ekholm n'a pas manqué de rappeler que l'Europe fut pionnière sur la 2G et la 3G. Mais tout a basculé avec l'arrivée de la 4G, où le continent a perdu du terrain. Et maintenant, poursuit le dirigeant, « je pense que nous allons perdre très gros avec la 5G, à moins de modifier nos politiques ».Peu de pays ont pour l'instant procédé aux enchères du réseau sans fil de cinquième génération. « Personne ne sait combien ils (ndlr : les opérateurs) vont devoir payer. Dans l'incertitude, vous envisagez le pire », affirme le dirigeant. Ekholm pointe du doigt les carences de l'Union européenne en vantant les mérites d'autres contrées : « Si vous étiez en Amérique du Nord, vous y auriez accès. Nous avons aussi des réseaux 5G en Australie ou en Suisse, avec des équipements commerciaux en service ».
Pour Ekholm, l'exclusion potentielle de Huawei ne ferait que compliquer les choses
Reste à régler le cas Huawei. Dans le cas où le fournisseur chinois venait à être interdit de fournir ses équipements 5G, il faudrait peut-être alors rediriger le marché vers Nokia et Ericcson, ces deux concurrents. Mais pour Börje Ekholm,« c'est une situation compliquée. Les équipementiers ne sont pas intégrés les uns par-dessus les autres. Il n'existe pas de protocole standardisé pour cela ». En somme, l'impasse poindrait si Huawei était exclue.Quant aux tests que voudraient mener le gouvernement français pour assurer la sécurité des réseaux sans avoir à bannir le géant Huawei, cela ne semble pas être une bonne idée pour Ekholm : « Les tests ne diminuent pas les risques de sécurité, ils les augmentent ». Il ne reste plus qu'à espérer que la 5G fera son apparition en temps et en heure en France, soit en 2020.