Vu du côté de l'utilisateur, l'objectif de Mesh est de proposer un service capable de relier l'intégralité de ses appareils et de ses données. Elle permettrait par exemple de partager simplement et directement des documents entre différentes machines, mais aussi d'utiliser un espace de stockage en ligne, accessible depuis n'importe quel terminal connecté ; ou encore d'agir sur une machine distante, sans parler de faire communiquer entre elles des applications. Associé à des fonctionnalités telles que la synchronisation automatique des données, Mesh devrait donc selon les voeux de Microsoft devenir le quartier général de l'internaute, un point d'entrée vers l'ensemble de ses contenus numériques et de ses machines, ainsi que vers celui de ses proches.
Si la première version de l'application nécessaire à l'utilisation de Mesh ne fonctionne qu'avec les ordinateurs Windows (XP ou Vista), l'éditeur promet une compatibilité prochaine avec les Mac et les téléphones Windows Mobile avant, pourquoi pas, d'étendre cette dernière à l'ensemble des périphériques capables de communiquer avec un réseau TCP/IP. L'interface en ligne qui permet de se connecter au service et de contrôler son réseau personnel devrait quant à elle fonctionner depuis la plupart des navigateurs du marché.
Bien que Mesh puisse, à l'heure actuelle, apparaitre comme un simple agrégat de services et de technologies existants - SkyDrive pour le stockage en ligne, FolderShare pour l'échange de fichiers, FeedSync pour la synchronisation - Microsoft assure que son futur produit est d'une trempe nettement supérieure. « De nombreuses offres existantes ont l'air de ressembler à Live Mesh en ce qu'elles utilisent des services hébergés pour le stockage, le partage de fichiers, ou la communication directe entre des PC, mais la plupart de ses produits ne remplit que l'un de ses besoins », explique ainsi Noah Edelstein, chef de groupe au sein de la division Mesh.
La grande force de Mesh serait donc de ne pas se présenter comme un simple service, mais comme une plateforme, dotée d'interfaces de programmation (API) garantissant la possibilité d'interactions avec des fonctionnalités comme la synchronisation ou le stockage en ligne, mais également un environnement commun d'exécution entre les versions mobiles, Windows ou en ligne, du « bureau » Mesh. Prometteur sur le papier, l'essai de Microsoft demande maintenant à être transformé, ce qui ne sera sans doute pas fait avant la fin de l'année.
La stratégie dite du « cloud computing », où les échanges sont gérés et centralisés par des serveurs distants, est désormais au coeur des préoccupations des sociétés du monde IT. Google, bien sûr, mais aussi Amazon, Salesforce, ou Sun réfléchissent aux modalités d'application de ce concept qui consiste à stocker les données et faire tourner les applications non plus sur le poste de travail, mais sur un « nuage » de serveurs. Pour Marc Benioff, PDG de Salesforce, l'arrivée d'un géant du logiciel sur ce marché est tout simplement le signe que l'Internet « est devenu le centre du monde ». Les visées divergent toutefois : alors qu'un Google, récent allié de Salesforce, entend remplacer ou compléter le logiciel avec ses services en ligne (concept du SaaS, ou Software as a Service), Microsoft compte bien tenter de lui conférer une valeur ajoutée supplémentaire.