L'année 2008 connaît le premier ralentissement significatif des ventes de terminaux mobiles depuis 2001. Saturation et crise économique sont avancées pour expliquer cette tendance. Comment l'industrie du mobile peut-elle se renouveler et se remettre à flots? Selon Faraz Syed, PDG et co-fondateur de DeviceAnywhere, la réponse se trouve dans le contenu mobile, valeur ajoutée qui constitue un véritable vecteur de croissance.
Le marché a vu le nombre de téléphones se multiplier ces dernières années, de tous styles et pour tous types d'usages, correspondant à tout un chacun. Depuis 2001, les gammes de terminaux mobiles ne cessent de se renouveler et les ventes de progresser. Pourtant, en ce début d'année 2008, le marché européen du mobile accuse, juste après les Etats-Unis, la première baisse des ventes d'appareils. Comment expliquer ce phénomène ? D'un côté, l'industrie du mobile arrive à une saturation du marché et, de l'autre, elle doit faire face à un changement du mode de consommation. Aujourd'hui, les utilisateurs ne s'empressent plus de dénicher « le » téléphone dernier cri mais cherchent simplement à renouveler leur portable. Est-ce la fin du raz-de-marée planétaire qu'a été l'industrie du mobile ? Pourquoi ce marché si flamboyant, soudain régresse ? Dans le contexte actuel de crise économique et de troisième choc pétrolier, les consommateurs concentrent leurs dépenses sur les éléments vitaux et laissent de moins en moins de place aux produits secondaires, et notamment aux téléphones portables. Ce ralentissement des ventes est aussi le fait de l'arrivée du marché à maturation : jusque là en croissance exponentielle, le marché entame sa première phase de stagnation. L'effet mode étant passé, et plus de 75 % de la population d'Europe Centrale étant d'ores et déjà équipés (source GFK), la nouveauté ne suffit aujourd'hui plus pour déclencher l'achat.
Le marché des terminaux physiques est en baisse. Selon le cabinet d'études Gartner, les ventes de téléphones portables en Europe ont reculé de 16,4% au premier trimestre 2008. L'institut table sur une stagnation ou tout au plus sur une augmentation de 1% pour l'année complète 2008. L'effet de nouveauté du portable est dépassé. Les gens ne renouvellent plus leur mobile à une cadence effrénée à chaque sortie de nouveaux modèles et ce, malgré l'influence des opérateurs de téléphonie. L'avenir du mobile est-il pour autant menacé? Doit-on s'attendre à un déclin plus fort du marché ? Ne faut-il pas chercher l'avenir du mobile autre part que dans les terminaux physiques uniquement ?
Ces facteurs cumulés témoignent des limites de développement que rencontre actuellement l'industrie du mobile. Les terminaux physiques, si pointus soient-ils technologiquement et ergonomiquement, n'ont pas le pouvoir, à eux seuls, de sauver ou même simplement de redonner un nouveau souffle à l'industrie. On peut donc imaginer que le futur du mobile va se jouer sur les contenus et sur l'apport de nouvelles applications mobiles et non plus l'inverse comme c'était le cas jusqu'ici. Depuis l'arrivée de l'iPhone, le marché assiste à une véritable révolution : le téléphone ne sert plus seulement à téléphoner, il est véritablement devenu un outil multimédia et multifonction quasi-indispensable. Avec les avancées technologiques incessantes, le téléphone se transforme en un véritable ordinateur de poche. Il ne s'agit plus aujourd'hui d'être un simple fabricant de terminaux mais bien un fournisseur de services pour mobiles : géolocalisation, musique, vidéo, Internet, télévision, jeux vidéo et bien plus encore ... Le marché des contenus et applications pour mobile est en pleine explosion et est appelé à connaître de belles perspectives d'avenir. C'est ici que se trouve la solution au problème du ralentissement du marché des mobiles. Les terminaux doivent intégrer un maximum d'interactivité pour séduire un public de plus en plus exigeant. Tout comme le géant Nokia l'annonce : il ne faut plus compter uniquement sur la vente de terminaux physiques mais, bel et bien, sur l'amélioration et l'augmentation d'applications mobiles pour maintenir et faire progresser le chiffre d'affaires du secteur.
En cela, les développeurs sont l'avenir de cette industrie. Les métiers des logiciels, des services et l'imagination des chefs de projets, des gammes designers ou encore l'efficacité des testeurs auront raison du déclin du marché. Les contenus et applications mobiles auront un effet accélérateur de croissance, à la condition cependant que chacun y trouve son compte et que l'expérience utilisateur soit optimale. Les acteurs de l'industrie ont donc besoin de s'équiper en logiciels et outils qui leur permettent de développer le plus rapidement et le plus facilement possible des contenus adaptés à la multitude de mobiles et de réseaux opérateurs existants.
Nous ne sommes plus dans l'ère du matériel mais bien de l'immatériel et du flux. Tout comme le poste de télévision a connu un formidable succès lors de sa création, il a été nécessaire de repenser son utilisation et ses formats. Il a également fallu créer de la valeur ajoutée pour redresser le niveau des ventes et pousser les consommateurs à renouveler leur équipement (mise en place de la norme 16/9ème, tendance au home cinéma, apparition de la haute définition, démocratisation et développement des séries TV, des chaînes thématiques, de la TNT ...). L'avenir du mobile se jouera donc sur les contenus et la convergence. Pour rétablir la croissance, les fournisseurs d'applications mobiles devront mettre en œuvre toutes les ressources nécessaires pour développer des contenus prémium, adaptés à chaque marque et à chaque modèle, pour faire du marché des téléphones mobiles, l'industrie d'un média à part entière.