Christine Lagarde veut que l’Europe développe sa propre solution de paiement numérique. Elle estime que la dépendance à Visa, Mastercard, PayPal et Alipay expose le continent à des risques économiques et stratégiques. Ce projet européen pourrait changer la manière dont les paiements sont effectués, mais il reste complexe à mettre en place.

Christine Lagarde, la présidente de la BCE, souhaite affranchir l'Europe des plateformes de paiement numériques américaines et chinoises - ©Alexandros Michailidis / Shutterstock
Christine Lagarde, la présidente de la BCE, souhaite affranchir l'Europe des plateformes de paiement numériques américaines et chinoises - ©Alexandros Michailidis / Shutterstock

Aujourd'hui, que ce soit Visa, Mastercard, PayPal ou Alipay, il est quasiment impossible de se passer de ces plateformes de paiement numériques qui se taillent la part du lion en Europe. Pourtant, elles sont toutes étrangères à notre Vieux continent. Américaines ou Chinoises, elles contrôlent une grande partie des transactions réalisées par les particuliers et les entreprises. Et ça, ça ne plaît pas à la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde.

Elle propose de créer une alternative européenne qui permettrait au continent de mieux gérer ses flux financiers et de renforcer son autonomie économique. Elle entend ainsi donner un coup de fouet et pourquoi pas, relancer l’économie européenne grâce à des outils financiers indépendants. Mais il ne sera pas simple à réaliser, car il implique des changements importants dans la manière dont les paiements sont organisés et sécurisés.

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L’Europe est largement dépendante des systèmes étrangers pour ses paiements

Aujourd’hui, une grande partie des paiements effectués en Europe passent par des plateformes comme Visa, Mastercard, PayPal ou Alipay. Même si consommateurs et entreprises en font les frais, ils n'ont pas le choix. Problème, ces entreprises sont basées aux États-Unis ou en Chine et suivent les lois de leurs pays d’origine et il n'existe pas de pendant européen. C'est au détour d'une émission de télévision américaine que Christine Lagarde a récemment déclaré : « Visa, MasterCard, PayPal et Alipay sont toutes contrôlées par des entreprises américaines ou chinoises. Nous devons veiller à ce qu’il existe une offre européenne ».

Cette dépendance pose plusieurs problèmes. L’Europe n’a pas le contrôle total sur ses flux financiers. Les décisions prises par ces entreprises peuvent être influencées par des priorités politiques ou économiques étrangères, ce qui pourrait compliquer les choses si des tensions internationales apparaissaient. Or, on ne peut pas dire que tout aille mieux dans les meilleur des mondes entre les trois puissantes mondiales.

Sans compter que ces plateformes collectent des données personnelles sur leurs utilisateurs européens, ce qui inclut que des informations financières sensibles sont stockées hors du continent. La confidentialité et la sécurité de ces données prend donc du plomb dans l'aile.

Christine Lagarde estime qu’une solution européenne pourrait permettre de mieux répondre aux besoins du continent tout en réduisant ces risques. Elle appelle à la création d’une infrastructure locale capable de remplacer ces plateformes étrangères.

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Mettre en place une alternative européenne demande beaucoup d’efforts

Il paraît toute fois bien ambitieux de créer un système européen qui puisse rivaliser avec Visa ou Mastercard. Il faudra investir massivement pour développer une infrastructure technique solide et fiable soit la mise en place d’un réseau capable de gérer un grand volume de transactions tout en garantissant leur sécurité.

Il ne sera pas non plus chose aisée de changer les habitudes des consommateurs. Les Européens utilisent depuis longtemps leurs cartes bancaires ou PayPal pour payer leurs achats en ligne ou en magasin. Pour qu’une nouvelle solution fonctionne, elle devra offrir des avantages clairs, comme des coûts réduits ou des fonctionnalités pratiques.

Côté sécurité, une plateforme européenne devra protéger ses utilisateurs contre les fraudes et garantir que leurs données restent confidentielles.

Enfin, il faudra que tout le monde joue le jeu et que l'ensemble des pays membres coopèrent étroitement. Chaque État devra harmoniser ses règles pour permettre à cette solution de fonctionner partout sur le continent.

Christine Lagarde estime que ce projet pourrait aussi avoir des retombées positives sur l’économie européenne dans son ensemble. Selon elle, un marché unique des paiements pourrait générer jusqu’à 3 000 milliards d’euros chaque année grâce à une meilleure circulation des capitaux entre les pays membres. Ambitieux certes, mais plutôt rentable…