Comme chaque année, la remise du rapport annuel des activités aux autorités financières américaines (SEC) est pour les cadres de Microsoft l'occasion de se livrer à ce délicat exercice qu'est l'identification des « menaces » susceptibles de mettre en péril la position dominante de l'éditeur sur le marché des logiciels. Au sein de la version 2008 de ce copieux document (en anglais) de quelque 80 pages, Microsoft souligne l'efficacité du modèle économique mis en place par Apple et égratigne une nouvelle fois le principe même de l'open source.
L'open source, un modèle litigieux ?
« Notre modèle économique est basé sur le fait que les utilisateurs acceptent de payer pour utiliser sous licence les logiciels que nous développons et distribuons. Avec un tel modèle, les développeurs de logiciels endossent les coûts que représentent la conversion d'une idée en des logiciels finis, à travers des investissements en recherche et développement, puis compensent ces dépenses à l'aide des revenus générés suite à la distribution de leurs produits », résume fort justement Microsoft.
L'éditeur poursuit, en rappelant que le terme open source fait généralement référence à des logiciels « dont le code source est soumis à une licence autorisant sa modification, sa combinaison avec d'autres logiciels et sa redistribution, sous réserve de certaines restrictions propres à chaque licence », avant d'ajouter que certaines sociétés font commerce de ces logiciels et des services qui les accompagnent.
« Ces sociétés n'endossent pas la totalité des coûts que représente la recherche et le développement d'un logiciel. Certaines de ces sociétés sont susceptibles de se baser sur des idées formulées par Microsoft, auxquelles nous leur avons laissé accès gratuitement, ou en échange d'une faible redevance, dans le cadre de nos initiatives en matière d'interopérabilité », poursuit Microsoft, avant d'en arriver à la conclusion : « Dans la mesure où le logiciel open source est de plus en plus accepté sur le marché, nos ventes, revenus et marges opérationnelles pourraient diminuer ».
En tant que numéro un mondial des éditeurs, Microsoft est tenu d'innover, et ses activités couvrent un éventail si large qu'il y aura effectivement toujours une société pour tenter de se positionner sur l'une des niches qui le composent. Pour autant, la firme de Redmond a un temps aussi adopté ce positionnement, face à des initiatives comme Lotus ou Netscape, sans oublier une société comme... Apple.
Prendre Apple pour modèle ?
Apple justement, société dont Microsoft reconnait l'habile stratégie, sans explicitement la nommer. « Un modèle concurrent, vertical, dans lequel une seule société contrôle aussi bien les éléments logiciels que matériels d'un produits, a remporté le succès au sein d'une série de produits grand public, comme des ordinateurs personnels, des téléphones mobiles, ou des baladeurs numériques », commente ainsi l'éditeur, qui ne cache pas son intention de s'en inspirer. « Nous offrons aussi ce type de produits verticaux, autour d'éléments logiciels et matériels ; cependant, nos efforts en la matière sont susceptibles de faire augmenter nos coûts et de réduire nos marges », prévient-il.
Loin d'occulter la montée en puissance de ses concurrents - Apple dans le domaine de l'informatique ou de la téléphonie mobile ; la popularité grandissante des solutions open source, tant auprès du grand public que des entreprises, Microsoft semble donc désireux de maintenir le cap. « Le plus dur n'est pas d'avoir été quelqu'un, mais de le rester », écrivait Roger Martin du Gard.