Freddy Mini : « Netvibes est en mesure de distribuer près de 100 000 widgets par mois »

Jérôme Bouteiller
Publié le 08 septembre 2008 à 12h48
Pionnier de la bureautique et de l'internet, Freddy Mini est désormais aux commandes de NetVibes, l'un des étendards du web 2.0 hexagonal. Dans cet entretien exclusif, il revient sur le modèle économique d'une jeune pousse qui semble, malgré les doutes de certains analystes, tenir toutes ses promesses.

JB -Freddy Mini, bonjour. Pouvez vous revenir sur votre parcours ?
 
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FM -Bonjour. Jeune Diplômé de l'ENS Mécanique & Microtechnique, j'ai débuté ma carrière dans l'acoustique sous marine chez Thomson Sintra. Passionné d'informatique depuis mon premier Commodore 64 et la découverte des bases de données dBase3, j'ai réorienté ma carrière en créant DEFI, une SSII, puis en collaborant avec Evolution, pionnier français du traitement de texte racheté par IBM, puis chez Lotus, à nouveau racheté par IBM, ce qui m'a conduit aux Etats-Unis au milieu des années 90. C'est alors que je suis entré chez Digital au sein de leur internet business unit, le futur AltaVista, pionnier des moteurs de recherche. L'aventure s'est malheureusement arrêtée bien trop tôt et, puisqu'arrivé à expiration de mes visas, j'ai du revenir en France où j'ai pris la succession de Patrick Jacquemin à la tête de Ziff Davis France. J'ai notamment lancé le magazine Yahoo internet Life, piloté le recentrage sur le web, pris la direction européenne du groupe pour enfin.. le quitter et lancer en 2003 AllMusicBox, pionnier de la recherche de fichiers musicaux, désormais baptisé MusicMe. 
 
Au cours de mes années dans le secteur du logiciel, j'ai régulièrement croisé Pierre Chappaz (ndlr : PDG de Yahoo puis de Wikio). Je m'étais souvent posé la question de l'organisation de la homepage de MusicMe et quand Pierre a pris la co-présidence de NetVibes, aux côtés de Tariq Krim, j'ai compris que l'avenir de l'internet passerait par ce genre de nouveau service. Quand Pierre et Tariq m'ont proposé de devenir COO (Directeur General) de Netvibes et partir créer la filiale aux Etats-Unis, le choix a été très difficile mais j'ai décidé de me lancer dans cette nouvelle aventure.
 
JB -Concrètement, quel est le métier de Netvibes ?
 
FM -Netvibes concrétise enfin la promesse d'une page « personnelle » pour gérer sa vie digitale. L'internaute n'est pas un simple invité, il est réellement « chez lui » et peut personnaliser l'ensemble des flux, changer d'outil de recherche, de titre, d'apparence ... de couleurs. Avec Ginger, Netvibes a également pris le virage de l'internet social et va continuer de s'ouvrir à l'ensemble des réseaux sociaux majeurs tels que, par exemple, Facebook Connect ou OpenSocial de Google.
 
A l'image d'un Google Doc, dont les fonctions collaboratives ont enfin permis de réintroduire de la concurrence dans la bureautique, le futur de Netvibes sera clairement « collaboratif ». Le savoir ne sert à rien si il n'est pas partagé.
 
JB -Quel est le modèle économique de NetVibes ? Est-ce du logiciel ou du média ?
 
FM -Nous avons longtemps été questionnés sur ce point et nous avons décidé d'ouvrir le site business.netvibes.com pour l'expliquer à nos utilisateurs. En deux mots, Netvibes est un distributeur de widgets. Nous aidons les marques à concevoir un widget puis nous le poussons auprès des millions d'utilisateur de Netvibes mais également d'autres pages personnalisables telles que Live.com ou iGoogle grâce à notre technologie UWA.
 
Le modèle économique se rapproche de celui des liens sponsorisés : des enchères pour définir le coût par installation, qui va, actuellement, de 75 centimes à près de 2 euros, puis une facturation equivalente au volume délivré.  Cette activité est en forte croissance et devrait générer plus des deux tiers de notre chiffre d'affaires 2008. Le widget de marque est bien plus qu'une publicité. Il y a un véritable engagement de l'utilisateur, qui est fait pour durer, et qui offre donc un meilleur retour sur investissement pour la marque. 
 
Outre ce modèle à la performance, nous proposons également à certaines marques une integration poussée de Netvibes dans leurs sites, en choisissant leur propre URL et en plaçant si ils le souhaitent leurs propres bannières publicitaires. Ce modèle s'appuie quand à lui sur des frais d'installation puis sur une facturation forfaitaire mensuelle.
 
JB -A ce propos, quelle est l'audience de Netvibes ?
 
FM -L'institut comScore nous attribue 2,5 millions de visiteurs uniques par mois. Certains pensent que c'est faible, mais je note que nous ne sommes finalement que 9 fois plus petit qu'iGoogle ce qui n'est pas si mal pour une société indépendante ! 
 
Mais cette question de l'audience n'est finalement pas si importante. Notre modèle économique repose sur notre capacité à distribuer des widgets et nos annonceurs ne sont facturés qu'en fonction de ce qui est installé par les internautes. Or je peux vous dire que nous sommes en mesure de distribuer près de 100 000 widgets par mois en France ou aux Etats-Unis ce qui vous permet de prendre la mesure de la puissance de notre offre.
 
JB -Avez vous renoncé aux services payants ? Pourriez vous par exemple lancer un service de stockage virtuel ?
 
FM -C'est dans notre liste de tâches mais nous donnons pour le moment la priorité à notre modèle de distribution de widgets.
 
JB -Le management de Netvibes a été bouleversé ces derniers mois avec les départs de pierre-chappaz puis de tariq-krim et certains analystes ont jugé que la société était en difficulté. Que leur répondez vous ?
 
FM -Tout projet repose sur la transformation d'un concept en business. La société repose aujourd'hui sur un service plébiscité par des millions d'internautes et un modèle économique éprouvé. Elle dispose d'équipes solides en Europe et aux Etats-Unis, du soutien sans failles de ses investisseurs Index et Accel et je pense même qu'elle sera rentable dès l'été 2009. Pour répondre aux interrogations de certains : Netvibes va donc très bien !
 
JB -Freddy Mini, je vous remercie.
Jérôme Bouteiller
Par Jérôme Bouteiller

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