JB -Alain Laidet, bonjour. Comment se porte le e-Commerce français en cette rentrée 2008 ? La crise financière a t'elle un impact sur les e-commerçants ?
AL -Bonjour. Les lois Chatel et les nouvelles dispositions de lois concernant la protection du consommateur de cet été ont plus perturbé les e-marchands que les tendances lourdes de la consommation en France, qui impactent les e-marchands comme les autres. Il y a du ralentissement partout. La concurrence est de plus en plus vive ; les marges baissent, mais le volume global continue de progresser (+30% selon le dernier indicateur Fevad).
Cela semble dû à deux facteurs : les e-marchands installés ont de multiples outils de marketing en ligne pour progresser et ils ne s'en privent pas. Il y a une prime réelle pour les marques en ligne « installées » ; parallèlement, il y a une nouvelle génération de PME qui se lancent dans le e-commerce. Elles alimentent la croissance. Enfin, de très nombreuses enseignes de distribution classiques (de Auchan à Décathlon par exemple) mettent les bouchées doubles sur le web. L'ensemble reste donc très tonique.
JB -Mobilité, Ciblage, Web 2... Selon vous, quelles seront les grandes tendances du secteur dans les prochains mois ?
AL -Vous avez cité trois des gros moteurs de croissance. Pour le « mobile commerce », c'est encore un peu dans les limbes, mais l'ultra-ciblage grâce aux outils d'analyse comportementale trouve lui un écho très très favorable. On veut vendre mieux en ligne. On le peut, donc on ne se prive pas. Quant aux « web2 », il y a d'un côté les efforts des marques pour s'imposer dans les réseaux sociaux. A suivre... et de l'autre toute une panoplie de nouveaux outils techniques pour améliorer l'ergonomie de son site, les capacités d'extraction et de communication de ses catalogues électroniques qui laissent envisager de nouvelles générations de boutiques en ligne e donc de e-commerce. Ce sont de vrais terrains d'exploration et d'innovations.
JB -Votre salon revendique le premier rang européen du secteur. Comment expliquez vous ce succès ?
AL -Nous allons accueillir cette année près de 350 exposants, soit 50% de plus que l'an passé. Nous avons cherché l'équivalent en Europe. Il y a clairement un salon en Allemagne, qui est les sur les mêmes « trends » que nous, mais plus positionné sur le « digital marketing ». Quant à la Grande Bretagne, il y a plus de manifestations, mais moins importantes, donc, à notre grande surprise, nous sommes dans les plus grosses manifestations européennes sur le sujet. C'est notre 5e édition, donc l'antériorité explique en partie ce succès. L'autre facteur, c'est le modèle de nos conférences gratuites pour les auditeurs. Nous allons recevoir plus de 300 conférenciers en 3 jours, dont une centaine de e—marchands. Ce sont des témoignages très utiles et le public les plébiscite : il y a déjà 23 000 inscrits à ces conférences, à 15 jours de l'ouverture du salon. Maintenant, on passera vraiment à la vitesse européenne l'an prochain. Cela suppose pas mal d'adaptation de notre modèle, notamment sur les conférences.
JB -Appliquez vous à vous même les recettes dévoilées par vos exposants ?
AL -Oui, bien sûr. Notamment sur la partie e-marketing de la manifestation. Nous faisons de gros efforts sur l'aspect affiliation depuis 4 ans déjà. Sur l'achat de mots clés aussi, sur l'emailing, évidemment. La quasi totalité du budget de promotion d'E-Commerce Paris passe en ligne, alors que les salons plus traditionnels privilégient des moyens plus physiques (affichage, presse, etc. ). Et mieux que tout : nous sommes passé au paiement sécurisé cette année pour les formations que nous dispensons sur le salon et pour les congrès. Autrement dit, nous sommes aussi des e-marchands. CQFD.
JB -Alain Laidet, je vous remercie et rendez vous sur le salon e-commerce.