Entretien avec Jim Wong, vice-président d'Acer

Frédéric Cuvelier
Publié le 23 septembre 2008 à 13h47
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A l'occasion de la conférence annuelle et mondiale du groupe Acer, composé maintenant des marques Packard Bell, Gateway et E-Ten (voir Acer pourrait racheter E-Ten 190 millions d'euros), nous avons pu interroger Jim Wong, vice-président du groupe, sur divers sujets aussi divers que les différents produits de la marque, présents et futurs, le contenu de la conférence et la stratégie d'un groupe désormais second au niveau des ventes d'ordinateurs portables, et troisième si l'on considère tous les types d'ordinateurs. Entretien.

Clubic : Commençons par évoquer votre netbook, l'Aspire One (dont la sortie en version 3G est confirmée pour octobre, NDLR). Qu'a motivé votre choix Linux ? Est-ce une attente de vos clients, un choix économique ou une obligation technique ?

Jim Wong : C'est incontestablement la première de ces raisons qui nous a poussés à utiliser Linux dans l'Aspire One, car les acheteurs de ces produits désirent avant tout de la simplicité et de la rapidité.

Acer compte vendre 80% de ses netbooks sous Linux. Pourquoi alors mettre en vente une version tournant sous Windows XP a seulement 50 euros de plus ? Quel est dans les faits le pourcentage de vente par OS ?

En étant tout à fait honnête, les netbooks sous Linux représentent bien 80% de nos ventes.

Durant votre conférence, vous avez clairement exprimé l'idée que les notebook étaient voués à servir d'ordinateurs fixes et que les netbooks seraient les nouveaux ordinateurs portables. Pensez-vous que ce marché va supplanter celui des notebooks ?

Je ne pense pas que le marché des netbooks deviendra plus important que celui des notebooks. C'est juste un marché parallèle, à l'image de celui des ordinateurs de bureau face à celui des portables. Il y aura toujours des gens qui auront besoin de puissance et qui achèteront un portable, et d'autres qui n'en auront pas besoin, et eux se tourneront vers les netbooks.

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Les batteries six cellules sont-elles amenées a devenir un standard ?

En ce qui concerne l'Aspire One, nous le commercialisons avec les deux types de batteries, et pour être plus précis, 35% de nos modèles sont vendus avec des batteries 6 cellules, qu'ils soient sous Linux ou sous Windows.

Dans cette logique de laisser le notebook à la maison, vous avez commencé a commercialiser des portables dont les diagonales étaient relativement importantes ; comment se sont vendus ces produits ?

Nos portables de 17 ou 18 pouces sont effectivement destinés à remplacer les ordinateurs de bureau et connaissent un succès indéniable, qui nous fait penser que nous sommes dans la bonne approche.

Durant votre conférence, vous avez parlé de replacer les ordinateurs de bureau non plus sous mais sur le bureau, puisqu'ils seront moins bruyants et moins générateurs de chaleur. Sur quelles technologies allez-vous vous appuyer pour réaliser cela ?

Effectivement, le bruit et la chaleur sont très gênants pour l'utilisateur. Grâce à des études débutées il y a trois ans maintenant, nous sommes en mesure d'abaisser le volume sonore de nos machines à 26 dB. C'est acceptable même si ce n'est pas encore parfait (cela le serait à 22 dB), mais dans un futur proche, avec les nouvelles technologies sur les ventilateurs et les avancés d'Intel et AMD dans le domaine du dégagement thermique, nous sommes persuadés que ces gênes ne seront bientôt plus qu'un mauvais souvenir.

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Le segment de l'ordinateur pour joueur est assez réduit et est occupé par quelques grands noms comme Comodore, par exemple. Vous avez cependant développé la gamme Predator dans l'optique de vous attaquer à ce marché ; les résultats sont-ils conformes à vos attentes ?

La gamme Predator est un très grand succès. Le marché des gamers est certes une niche, mais il nous semble important d'analyser les besoins de cette clientèle afin de leur fournir des PC optimisés.

Le marché des moniteurs est également extrêmement concurrentiel, Samsung étant un de vos principaux rivaux. Quels sont les projets qui pourraient permettre à Acer de se démarquer de la concurrence ? Le système Zig Zac par exemple, sera-t-il généralisé à tous les écrans de la marque ?

Nous avons dépassé Samsung en ce qui concerne l'innovation. Nous sommes les premiers dans de nombreux segments et avec notre nouvelle gamme d'écrans 16:9, il me semble que nous prenons même de l'avance pour les prochaines années à venir. Quant à la question du pied flexible de type Zig Zac, nous n'avons qu'un seul produit de ce type, car nous n'avons pas la force de frappe d'une marque comme Asus, qui possède beaucoup plus d'ingénieurs que nous pour cette tâche.

Durant la conférence, vous avez justement indiqué vouloir remplacer les écrans 16:10 par des écrans 16:9 ; pourquoi ce changement et surtout pourquoi maintenant ?

Ce changement est la conséquence du rapprochement inévitable des activités multimédias et informatiques. Même dans la maison, le PC ne sera bientôt plus séparé de la télévision, c'est pourquoi le format 16:9, adapté au cinéma, s'impose maintenant à nos écrans. Pourquoi maintenant est une bonne question. En réalité, c'est un problème d'ordre économique qui a empêché un avènement plus précoce du 16:9. Les écrans 16:10 étaient tout simplement moins chers à produire, notamment au moment de la coupe de la dalle. Les nouvelles technologies qui sont maintenant à notre disposition nous permettent désormais de produire sans un surcout exagéré des dalles 16:9.

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Gianfranco Lanci (NDLR : le président du groupe Acer) a insisté sur l'importance pour le groupe Acer de conserver les différentes marques qui le composent. Suite au rachat de E-Ten, vos premiers smartphones seront-ils commercialises sous la marque Glofiish ou la marque Acer ?

Définitivement sous la marque Gloofish.

Toujours concernant les smartphones, vous avez pointé du doigt les insuffisances des iPhones et autres Blackberry en ce qui concerne la navigation ou l'ouverture de pièces jointes. Quelles innovations peut-on attendre de vos produits pour pallier ces problèmes ?

Nous avons pour l'instant la volonté de commercialiser des smartphones de premières générations, alors que l'iPhone ou le Blackberry sont des appareils de seconde génération. Nos produits ne seront donc pas meilleurs que ceux-là. En revanche, nous comptons bien mettre tout en œuvre pour concurrencer ces produits par les nôtres lors de la troisième génération de smartphones. Nous avons des idées alternatives aux technologies existantes et des idées pour les mettre en œuvre, nous verrons par la suite si elles s'avèrent efficaces.

Votre stratégie pour conquérir de nouveaux marchés semble définitivement tournée vers l'Internet mobile. Vous n'êtes pas sans savoir le rôle prépondérant des opérateurs dans le domaine. Pensez-vous qu'Acer puisse influer de manière positive pour les consommateurs sur ces opérateurs ? Pouvons-nous nous attendre a des partenariats, à l'image de ce qu'Asus a fait avec SFR ?

Nous savons bien en effet que nos partenaires privilégiés doivent être les opérateurs, il n'y a aucun moyen de se passer d'eux. En ce qui concerne les prix, nous allons en effet tenter de faire valoir le fait que nous allons offrir à leurs abonnés beaucoup plus d'applications que ne leur en offrent les smartphones avec des produits comme l'Aspire One. Les clients seront attirés par de tels produits et les opérateurs pourront se montrer compétitifs à leur tour. En ce qui concerne les éventuels partenaires, tous ceux qui sont suffisamment représentatifs nous intéressent.

Acer appartenait au HD-DVD Promotional Group. Votre groupe a-t-il souffert du retrait de Toshiba concernant son support ?

En réalité non, car le groupe Toshiba est très professionnel. Lorsqu'ils ont décidé de stopper l'aventure HD-DVD, ils nous ont prévenus rapidement afin que nous puissions adapter nos produits en conséquence.

Lors d'un procès au tribunal de Puteaux, en France, Acer a été condamné pour vente liée ; votre groupe a-t-il pris des dispositions pour éviter ce genre de mésaventures ?

En réalité, nous ne considérons pas cela comme un revers. En effet, cette affaire n'a pas vraiment été devant un tribunal, mais uniquement en conciliation*. Ce consommateur a accepté un accord à l'amiable avec notre compagnie. Preuve en est, nous n'avons rien changé à notre politique en ce qui concerne nos suites logicielles.
  • *C'est en fait un tribunal de proximité qui a traité cette affaire, mais la condamnation est bien réelle, puisqu'Acer a même dû verser des dommages et intérêts de 500 euros au plaignant (voir Vente liée : Acer condamné à rembourser)
Jim Wong, merci pour vos réponses.
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