Cette décision répond en fait ni plus ni moins aux récentes recommandations de l'ARCEP, l'autorité de régulation invite effectivement les opérateurs à passer des accords de mutualisation. Elle préconise également que le premier opérateur installé pose pour le compte des autres opérateurs des fibres surnuméraires sur la partie terminale. Orange et SFR assurent vouloir « mettre en œuvre rapidement différentes solutions dans l'intérêt des clients et des gestionnaires d'immeubles ». Ils ajoutent qu'ils « souhaitent vivement que d'autres opérateurs puissent les rejoindre dans cet esprit ».
Au moment de sa signature, Free avait dénoncé l'accord d'Orange et SFR. Maxime Lombardini, directeur général d'Iliad, soulignait que l'accord ne garantissait pas la concurrence et était contraire à la Loi de modernisation de l'Économie. Il avait en revanche déclaré « adhérer totalement » aux recommandations de l'ARCEP, qui prône une mutualisation multifibre. Cette dernière préconise l'installation de plusieurs fibres entre les foyers raccordés et le pied des habitations ou des immeubles, chacune pouvant servir à un opérateur distinct. Free pourrait ainsi déployer sa solution point-à-point (FTTH-P2P) en parallèle de la solution point-multipoint (FTTH-GPON) d'Orange et SFR. La solution que soutient Free permet de raccorder chaque abonné à son réseau au travers d'une fibre optique dédiée à chacun, tandis que celle d'Orange et SFR relie entre 8 et 64 abonnés par le biais d'une seule fibre. Bien que les deux solutions soient adaptées aux besoins en bande passante à court terme, le point-à-point permet une évolution plus pérenne du réseau.
Maintenant que l'ARCEP a tranché sur la solution à adopter entre le pied de l'immeuble et l'abonné, reste à plancher sur la méthode de raccordement des immeubles aux réseaux des opérateurs. Quoi qu'il en soit, si ces premiers essais d'envergure de la part d'Orange et SFR sont concluants, Orange risque fort d'avoir à revoir les installations monofibres et difficilement mutualisables de ses 14 200 foyers déjà raccordés. Contacté par nos soins, Orange a d'ailleurs indiqué que pour ces raisons, il avait volontairement ralenti le déploiement de son réseau fibré en l'absence de cadre juridique précis.