En Argentine, Google et Yahoo! ont dû se plier à la justice locale et filtrer leur moteur de recherche pour des requêtes portant sur des célébrités du pays. En effet, si en Union Européenne ou aux États unis, la responsabilité du contenu d'un site Internet est uniquement portée sur son éditeur, en Argentine, elle touche aussi le moteur de recherche.
En été 2007, Google reçut une première injonction émanant d'un groupe de 70 top-models représentés par un même avocat, Martin Leguizamon Peña. Les plaignants demandaient au moteur de recherche de filtrer leur patronyme afin de freiner le trafic sur les sites pornographiques utilisant leurs images. En réponse à cette requête Google n'accepta que de bloquer certains liens problématiques à la condition que les utilisateurs puissent être notifiés de la décision.
Alberto Arebalos directeur de Google Argentine déclare : « notre position a toujours été contre la censure de l'Internet. Si vous allez dans un kiosque à journaux en accusant son propriétaire d'être responsable de l'ensemble des magazines et en lui demandant de repérer les articles susceptibles de choquer quelqu'un, cela n'aurait aucun sens. Nous sommes ce kiosque à journaux. »
De son côté, Yahoo! a décidé de retirer la plupart des résultats de recherche pour certaines célébrités, en ne laissant que les liens vers Yahoo! News. Depuis le début de la semaine, une note explicative apparaît au bas de la page :
« Suite à une décision de justice engagée par des tierces parties privées, nous avons été forcés de retirer temporairement quelques résultats de recherche en relation avec ces dernières. »
Même en Europe, il arrive que Yahoo! et Google fassent des exceptions. Ainsi, en Allemagne, les recherches de sites néo-nazis sont filtrées. En France, les sites d'enchères ne peuvent plus proposer la vente d'objets nazis.
Il est intéressant de mettre cette affaire en perspective avec la récente mise en place du collectif baptisé Global Network Intiative réunissant Yahoo! Google et Microsoft et visant à protéger les droits de vie privée et de liberté d'expression sur Internet. Interrogé par CNet, Jerry Yang, PDG de Yahoo! avait déclaré : « ces principes dessinent une feuille de route de référence pour des sociétés comme Yahoo! travaillant dans des domaines où la liberté d'expression et les droits de vie privée sont injustement limités. Au travers des efforts collectifs de l'industrie, des associations et des gouvernements, nous continuerons à développer les technologies et l'Internet pour rendre la vie des gens meilleure. ». A ce sujet, Google avait déclaré : « nous avons insisté pour que les gouvernements du monde arrêtent de limiter les libertés d'expression et donnent aux dissidents, bloggers et autres le droit de s'exprimer ».
Notons tout de même que Google, Yahoo et Microsoft ont coopéré avec le gouvernement chinois en acceptant de filtrer les résultats de recherche. Par ailleurs, le rôle joué par Yahoo! dans l'arrestation de dissidents chinois a plusieurs fois été questionné par les médias.