TikTok emboîte le pas à X et Meta en testant son propre système de notes communautaires, baptisé « Footnotes ». Cette initiative intervient alors que l'application, très populaire mais controversée, fait face à une pression réglementaire intense aux États-Unis concernant ses liens avec la Chine.

La vague de la modération participative continue de déferler sur les réseaux sociaux majeurs. Après X.com et les plateformes de Meta, c'est au tour de TikTok d'expérimenter une fonctionnalité permettant à ses utilisateurs d'ajouter du contexte et des clarifications aux vidéos partagées. Ce développement survient dans un climat d'incertitude persistant pour l'application, marquée par les menaces répétées d'interdiction sur le sol américain.
TikTok à l'heure des « Footnotes »
Le géant chinois teste actuellement une fonctionnalité baptisée « Footnotes » (notes de bas de page) dans certaines régions anglophones . Le principe est similaire aux initiatives déjà observées ailleurs : permettre à une base d'utilisateurs sélectionnés et approuvés d'annoter les contenus jugés potentiellement trompeurs, manquant de contexte ou nécessitant des éclaircissements. Ces notes apparaîtraient ensuite sous les vidéos concernées pour informer l'ensemble des spectateurs.
TikTok n'est pas le premier à explorer cette voie de la modération décentralisée. X.com (anciennement Twitter) a été pionnier avec ses « Community Notes », un système qu'Elon Musk a largement mis en avant. Cette approche a visiblement inspiré d'autres acteurs majeurs : Mark Zuckerberg a exprimé sa volonté de remplacer les équipes de fact-checking internes de Meta par un système communautaire, qui serait déjà en cours de test sur Threads, le concurrent direct de X. De son côté, YouTube expérimente également une fonction similaire appelée « Notes ».
L'objectif affiché par les plateformes adoptant ces systèmes est souvent double. Il s'agit d'une part de lutter contre la propagation de la désinformation en s'appuyant sur l'intelligence collective et la diversité des points de vue des utilisateurs. D'autre part, cela permet aux entreprises de déléguer une partie de la charge de modération, une tâche complexe, coûteuse et souvent critiquée pour son manque de transparence ou ses biais potentiels. En impliquant la communauté, les plateformes espèrent aussi améliorer la perception de leurs efforts de modération.
Montrer patte blanche sous pression
Le lancement de ces tests par TikTok n'est pas anodin et intervient dans une période de vigilance accrue concernant l'impact des réseaux sociaux sur l'information et l'opinion publique. Pour TikTok, c'est aussi une manière de démontrer sa volonté de mieux encadrer les contenus diffusés sur sa plateforme, alors même que son avenir aux États-Unis est en jeu.
En effet, cette initiative s'inscrit dans un contexte géopolitique particulièrement tendu pour l'application outre-Atlantique. Propriété du groupe chinois ByteDance, TikTok est sous la menace directe d'une loi fédérale américaine, le « Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act » (PAFACA). Cette loi, adoptée en 2024, exige que ByteDance cède le contrôle de ses activités américaines à une entité non-chinoise sous peine d'une interdiction totale de l'application sur le territoire.
L'échéance initiale fixée à janvier 2025 a été repoussée, notamment suite à l'arrivée de la nouvelle administration Trump, qui semble privilégier une solution négociée plutôt qu'une interdiction pure et simple. Des discussions sont en cours avec plusieurs acheteurs potentiels, et une vente ou une restructuration complexe pourrait voir le jour, impliquant potentiellement Oracle pour la sécurisation des données américaines. Cependant, des points de blocage importants subsistent, notamment concernant le sort du précieux algorithme de recommandation de TikTok, soumis aux lois chinoises sur l'exportation de technologies. L'avenir de l'application pour ses 170 millions d'utilisateurs américains reste donc précaire.
Si l'idée de la modération par les pairs est séduisante sur le papier, son efficacité pratique soulève des questions. Ces systèmes ne sont pas à l'abri des biais, des manipulations ou des « guerres d'édition » entre utilisateurs aux opinions divergentes. Elon Musk lui-même a récemment critiqué ses propres Community Notes, estimant qu'elles étaient parfois détournées. TikTok devra donc mettre en place des mécanismes de contrôle et de validation robustes pour garantir la fiabilité, la pertinence et l'impartialité de ses futures « Footnotes », un défi de taille sur une plateforme caractérisée par la viralité rapide des contenus.
Source : Neowin