Le bras de fer entre Meta et la Federal Trade Commission (FTC) américaine bat son plein. Accusé d’abus de position dominante, le géant californien, détenant Facebook, Instagram, WhatsApp et Threads, défend sa vision d’un marché ultra-concurrentiel.

Accusée de monopole, Meta lâche ses arguments devant la justice américaine. ©Shutterstock
Accusée de monopole, Meta lâche ses arguments devant la justice américaine. ©Shutterstock

Depuis avril, Meta se retrouve sur le banc des accusés, soupçonné d’avoir verrouillé le marché des réseaux sociaux et notamment via l’acquisition d’Instagram et de WhatsApp. Mais l’entreprise, loin de baisser la garde, déploie une argumentation offensive pour démontrer la vitalité de la concurrence et les bénéfices de ses rachats.

Pas de monopole sur les réseaux sociaux selon Meta

L'entreprise Meta s’emploie d’abord à démontrer qu’elle n’est pas un monopole, ni même un acteur dominant au sens classique du terme. L'idée est surtout de balayer d'emblée les propos formulés par l'autorité de régulation selon lesquels : "Facebook a conservé une part dominante du marché principal des réseaux sociaux aux États-Unis de 2011 jusqu’à aujourd’hui."

Sauf que pour la maison mère de Facebook, contrairement à l’image véhiculée par la FTC, ces services sont gratuits et n’ont jamais restreint ni la qualité, ni l’accès pour les utilisateurs. Meta insiste alors sur la concurrence féroce qui oppose aujourd’hui les différentes plateformes : TikTok, YouTube Shorts, Snapchat ou encore iMessage.

La fluctuation du marché des réseau sociaux illustré par Meta
La fluctuation du marché des réseau sociaux illustré par Meta

L’exemple du bannissement temporaire de TikTok aux États-Unis, qui a profité à Instagram et YouTube, illustre, selon l'empire de Mark Zuckerberg, la facilité avec laquelle les internautes basculent d’un service à l’autre. À l'inverse, Meta rappelle avoir connu un incident technique en 2021 durant lequel TikTok, YouTube et Twitter ont respectivement enregistré +11%, +8% et +4% de croissance.

Face à TikTok, Snapchat, MeWe ou YouTube, la part de marché de Meta serait inférieure à 60%, seuil à partir duquel une société entre généralement dans la catégorie de monopole.

Des acquisitions qui font sens pour Mark Zuckerberg

Au cœur du dossier, la FTC reproche à Meta d’avoir racheté Instagram et WhatsApp pour étouffer la concurrence. Pourtant, la défense de Meta s’appuie sur des chiffres éloquents : Instagram est passé de 3,9 à plus de 230 millions d’utilisateurs américains depuis son acquisition, tout en multipliant les fonctionnalités et en bénéficiant d’investissements massifs en R&D. Quant à la messagerie de WhatsApp, elle n'était pas, selon Meta, un acteur significatif sur le marché américain avant son rachat.

Face à Apple Messages Meta ne constituerait pas un monopole aux USA

Partagé par The Verge, le document compilant la défense de Facebook présente des informations masquées. Or ce fichier PDF peut être ouvert avec une application tierce, dans notre cas, Affinity Publisher. Il suffit alors de supprimer les couches ayant été simplement apposées sur les informations jugées sensibles.

Selon ces dernières, l'entreprise Meta affirme que l'application Apple Messages serait utilisée au moins une fois par semaine sur 88,39% des iPhone aux États-Unis. Instagram, Facebook Messenger et WhatsApp serait loin derrière en termes d'activités hebdomadaires.

Ces arguments fonctionneront peut-être devant une cour américaine, mais ne reflètent bien évidemment pas les parts de marché de Meta à travers le monde. Facebook revendique 3,07 milliards d'utilisateurs contre 2 milliards pour Instagram et 320 millions pour Threads. Quant à WhatsApp, Facebook a tout de même déboursé près de 22 milliards pour se l'offrir. La messagerie compterait aujourd'hui quelque 2,95 milliards d'utilisateurs.