Eve Williams : "Nous allons commencer à monétiser Twitter au début 2009 "

Jean-Baptiste Su
Publié le 09 décembre 2008 à 19h16
Le service de micro-blogging est contraint par la crise d'accélérer sa recherche de modèle économique. Il n'en a pas moins refusé une offre de rachat de Facebook. Les explications de son PDG, evan-williams.

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(c) James Duncan Davidson/O'Reilly Media, Inc.
Les événements tragiques de Bombay ont révélé le site Twitter au monde entier. Des millions d'internautes étaient tenus au courant de la situation en direct grâce aux milliers de "tweets", des messages courts de 140 caractères maximum, envoyés sur Twitter par des témoins sur le terrain. Au point que les autorités indiennes auraient demandé à la start-up de fermer son service au motif qu'il aiderait les terroristes à déjouer leur contre-offensive.

Le succès de Twitter, lancé il y a environ deux ans et qui compte aujourd'hui 25 salariés et plus de 6 millions d'utilisateurs, a attiré l'intérêt de Facebook. Le réseau social a tout simplement proposé en octobre dernier de racheter le service pour 500 millions de dollars. Une offre que la jeune entreprise de San Francisco a refusée bien qu'elle ne soit actuellement valorisée « que » 120 millions de dollars. Si elle ne gagne toujours pas le moindre argent, elle a en effet l'espoir de devenir le prochain Google. Interview d'Evan "Ev" Williams, le PDG et co-fondateur de Twitter, qui a aussi créé le site Blogger.

Lors des attaques terroristes de Bombay, le gouvernement Indien vous aurait demandé de fermer Twitter. Pourquoi ne pas l'avoir fait?

EW-C'est faux, le gouvernement Indien ne nous a jamais demandé de fermer le site. Je pense qu'ils se préoccupaient davantage de résoudre la situation sur le terrain que de ce que disaient les gens sur Twitter. Cependant, cet incident m'a fait réfléchir au fait que, pour certaines personnes, l'accès à l'information favorise les méchants plutôt que les gentils. Or mon experience avec Blogger et maintenant avec Twitter prouve le contraire: plus les gens partagent l'information, mieux le monde se porte.

Pourquoi avoir refusé l'offre de Facebook de vous racheter pour 500 millions de dollars?

EW- L'intégration de Twitter à Facebook a beaucoup de sens car nous sommes deux services complémentaires. Mais c'était trop tôt. Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour améliorer le service, notamment l'interface graphique, le moteur de recherche et la monétisation. Twitter réprésente pour moi la plus grande chance que j'aie eu en 15 ans de travail dans des start-ups Internet. Bien plus grande encore qu'avec Blogger.

La crise financière a-t-elle eu un impact sur votre stratégie?

EW- Absolument. Lorsque nous avons finalisé notre dernière levée de fonds en juin dernier (15 millions de dollars qui se sont ajoutés aux 5 millions reçus précédemment, NDLR), nous ne nous préoccupions pas de gagner de l'argent avant 2010. Nous pensions qu'il serait possible de lever encore de l'argent, mi-2009. Notre objectif prioritaire était de faire croître le plus rapidement possible le trafic et le nombre d'utilisateurs de Twitter. Mais la crise a radicalement changé ces plans. Nous voulons en effet monétiser le site dès le premier trimestre de l'année prochaine. J'ai par ailleurs decidé de limiter nos dépenses et nos embauches au strict minimum pour ne pas être obligés de lever de l'argent en 2009. Cela dit, si la situation economique s'améliore et si nous atteignons nos objectifs, il est encore possible que nous procédions à une telle opération. Les investisseurs ont toujours beaucoup d'argent à investir dans de bonnes start-ups.

Comment comptez-vous monétiser Twitter?

EW- Si nous le voulions, nous pourrions être à l'équilibre dès aujourd'hui avec les nombreuses offres de sponsoring que nous recevons tous les jours (par des grandes marques de la consommation, ndlr). Mais ce n'est pas ce nous recherchons. Nous voulons générer de l'argent avec le produit lui-même (avec des services premium pour un usage professionnel de Twitter par exemple, ndlr), ce qui prend plus de temps.

Et l'international?

EW- Ce n'est malheureusement pas une priorité à l'heure actuelle. Nous sommes encore une très petite équipe. Nous avons ouvert un Twitter au Japon avec un partenaire, Digital Garage, que l'on monétise déjà grâce à la publicité. Dans le reste du monde, notamment en France et en Grande-Bretagne, nous avons dû arrêter l'envoi d'alertes Twitter via SMS parce que cela nous était facturé trop cher. Avant de réouvrir ce service, nous devons trouver un moyen de convaincre les opérateurs de baisser leurs tarifs SMS pour le trafic Twitter. Il leur rapporte en effet beaucoup d'argent puisque nos utilisateurs ont tendance à répondre aussi par SMS.

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Jean-Baptiste Su
Par Jean-Baptiste Su

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