Avec la crise, le e-commerce prend le pas sur la vente par correspondance (VPC). Après l'annonce du licenciement de presque 2000 personnes sur quatre ans, ces dernières semaines, chez les trois principaux acteurs français de la VPC, le e-commerce apparait comme un providentiel garde fou. Environ 2000 emplois devraient avoir été créés cette année dans le secteur.
Selon les chiffres du ministère de l'Emploi, en novembre, le nombre de demandeurs d'emploi a fait un bond de 64.000 inscrits supplémentaires à l'ANPE (+3,2%), soit 8,5% de plus sur un an. Le nombre total de demandeurs d'emploi s'établit désormais à 2.068.500. Pourtant, certains secteurs résistent. Alors que les 3 Suisses viennent de supprimer 400 postes, La Redoute 700 et La Camif 800, une étude Benchmark pour la fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) prévoyait, il y a encore peu, 12% d'emplois supplémentaires dans le e-commerce français en 2008. Ce qui porterait leur nombre à plus de 80.000 au total, dont plus de 20.000 emplois directs.
D'ailleurs selon la Fevad, les Français devraient avoir dépensé près de 4 milliards d'euros sur les sites de vente en ligne pour les fêtes de fin d'année, soit 25% de plus qu'en 2007. Le chiffre d'affaires du secteur (CA), qui s'établissait à environ de 13 milliards d'euros en 2007 pour près de 40.000 sites, devrait par ailleurs continuer à progresser de 20 à 30% sur un an.
Autre bon point pour le e-commerce : le statut de l'auto-entrepreneur disponible dès jeudi 1er janvier 2009. Un statut qui permettra à « tous les Français, qu'ils soient salariés, étudiants, retraités ou chômeurs... de créer leur activité en parallèle de leur travail afin de compléter leurs revenus ou de créer de façon extrêmement simplifiée leur propre activité à titre principal ».
Il faut dire que ce nouveau régime s'applique particulièrement au commerce entre particuliers sur Internet. La Fevad rappelle par exemple que 49% des internautes ont déjà acheté ou vendu entre particuliers. D'après le site 2xmoinscher.com, 25 % des particuliers auraient même pensé à créer une activité complémentaire ou une entreprise de vente sur Internet. Reste les sceptiques qui reprochent à ce statut de favoriser les entreprises unipersonnelles, de légaliser le travail au noir ou encore de permettre à des « pseudos professionnels » de voir le jour.
D'ailleurs, la vague de récession commence à en inquiéter certains. Ainsi, après plusieurs années de croissance annuelle à deux chiffres, le cabinet d'études comScore vient de confirmer que le commerce électronique américain était à son tour rattrapé par la crise économique. Le chiffre d'affaires réalisé entre le 1er novembre et le 23 décembre par les marchands américains s'établirait à 25,5 milliards de dollars cette année contre 24,151 milliards un an plus tôt (-3%).
D'autres parts, selon le baromètre du blog américain Techcrunch, publié mi-décembre, plus de 100.000 suppressions d'emplois ont récemment touché près de 300 entreprises technologiques américaines : de Sony (8.000 licenciements) à AT&T (12.000) en passant par Alcatel-Lucent (1.000) jusqu'à Adobe Systems (600) ou Sandisk (300). Reste à espérer que la plupart feront preuve de flexibilité en permettant des reclassements stratégiques et efficaces.