Même si l'opération a perdu de son intérêt depuis la mise en place de l'App Store, la question reste d'actualité pour beaucoup d'utilisateurs d'iPhone ou d'iPod Touch : est-il légal d'opérer le jailbreak de son appareil ? Pour mémoire, le jailbreak (ou « sortie de prison ») consiste en une série de manipulations permettant de casser certaines des protections logicielles mises en place par Apple au sein de son environnement mobile, afin d'accéder aux fichiers du système d'exploitation, et d'y installer les applications de son choix, même si celles-ci n'ont pas été autorisées par le fabricant.
La question n'est pas nouvelle : elle se pose en réalité depuis la mi-2007, et l'apparition des premiers outils dédiés au jailbreak. Bien qu'Apple ait à plusieurs reprises entrepris de combler les failles exploitées par les auteurs des outils permettant le jailbreak, la firme n'avait jamais explicité publiquement sa position sur la question. C'est désormais chose faite, suite à une requête de l'Electronic Frontier Foundation, organisation dédiée à la défense des libertés individuelles sur Internet.
Dans le cadre du processus de révision de la loi DMCA (Digital Millennium Copyright Act), qui vise, aux Etats-Unis, à encadrer la propriété intellectuelle à l'heure des technologies de l'information, l'EFF a en effet demandé au bureau américain sur le copyright de reconnaitre une exception au droit d'auteur relative aux opérations de jailbreak, de façon à permettre aux utilisateurs d'iPhone de disposer d'applications non officielles.
Une démarche qui manifestement, n'a pas été du goût d'Apple. Jusqu'ici muette, la firme a finalement entrepris de s'exprimer sur le sujet : par le biais d'une longue communication (document PDF, 27 pages, en anglais), Apple explique de son point de vue, les outils autorisant le jailbreak sont parfaitement illégaux.
« Les techniques de jailbreak, largement généralisées, font appel à des modifications non autorisées du bootloader et de l'OS (...) ce qui conduit à une violation du copyright apposé sur ces programmes », indiquent les experts mandatés par Apple. Des outils comme Pwnage ou QuickPwn contiendraient donc des pans de code lui appartenant, et chaque installation de ces logiciels conduirait à une nouvelle infraction aux droits afférents.
« Il suffit de transposer les arguments d'Apple au monde de l'automobile pour reconnaitre leur absurdité », estime de son côté Fred von Lohmann, avocat pour l'EFF. « General Motors pourrait nous dire que, pour notre propre sécurité, toutes les opérations de service devraient être effectuées par un réparateur agréé GM, qui n'utiliserait que des pièces certifiées par GM ». Apple affirme pour sa part que le jailbreak est susceptible de compromettre la sécurité et le bon fonctionnement d'un iPhone ou d'un iPod Touch.