Les éditeurs de livres veulent remplacer les notes en bas de page par du contenu multimédia. Les éditions Robert Laffont vont proposer en librairie dès demain un nouveau livre nommé « Le sens des choses », écrit par Jacques Attali en collaboration avec 32 auteurs dont Erik Orsenna, Philippe Solers ou Jean-Claude Trichet.
Édité à 50 000 exemplaires, il ne coûte pas plus cher qu'un livre classique de la même édition (21 euros) mais se veut être le premier « hyperlivre » mis sur le marché, permettant d'accéder à des contenus multimédia additionnels. Comment ? Le long des près de 300 pages du livre, ce sont 83 flashcodes - des code-barres 2D - qui sont ajoutés dans certaines parties du texte.
Hyperlivre : un livre avec du contenu multimédia supplémentaire
Pour accéder à ces « hypercontenus », 3 moyens seront disponibles : en passant par Internet via le portail hyperlivre-lesensdeschoses.com, par SMS en envoyant le numéro de page contenant le flashcode à un numéro non surtaxé ou directement depuis les quelques mobiles compatibles via une application spécifique. Proposée par Orange qui se charge de l'infrastructure technique de ces « hyperlivres », cette application est compatible avec « 26% du parc de mobiles français », précise Didier Lombard, le PDG de France Telecom.
En plus des smartphones sous Windows Mobile, sous Symbian et sous Blackberry OS (Blackberry Bold), elle sera prochainement disponible sur l'iPhone, l'application étant en cours de validation par Apple.
Les utilisateurs de terminaux Android ne devraient pas en revanche en bénéficier. Il suffira ensuite pour le mobinaute de scanner le code-barre 2D grâce à l'appareil photo d'un mobile pour accéder au contenu multimédia associé, qui peut être un simple texte, de la musique ou une vidéo.
Un modèle économique encore à imaginer
Cependant, les contenus proposés ne devraient être gratuits que pendant 6 mois. « Il s'agit d'une première phase de test », précise à cette occasion Leonello Brandolini, le PDG des Éditions Robert Laffont, qui pourrait si les « hyperlivres » connaissent un succès important étendre leur période de disponibilité. « Cette technologie nous permettra pour la première fois d'avoir des statistiques d'usages de nos lecteurs, pour savoir quand ils lisent nos livres, si ils les lisent en entier et de quelle manière ils les lisent (chapitre par chapitre ou en le parcourant) », ajoute-t-il.
En terme de modèle économique, Leonello Brandolini pourrait augmenter le prix de ses « livres augmentés » pour certains type d'ouvrages, notamment des dictionnaires ou des encyclopédies, ce qui n'a pas été le cas pour le premier « hyperlivre ». D'ailleurs, les contenus multimédia proposés ici sont pour la plupart des contenus déjà produits par le biais d'interviews téléphoniques réalisées à la radio. Car si l'ouvrage de Jacques Attali est le premier livre de ce type, il devrait être rejoint par d'autres livres dans les prochains mois. « Je souhaite que d'autres livres utilisent une telle technologie, qu'il s'agisse de romans, de dictionnaires ou de guides touristiques » a d'ailleurs ajouté Jacques Attali.
Concernant l'avenir des livres totalement numériques, tous s'accordent a dire que le livre papier ne dois pas entrer en concurrence avec le livre numérique. « Je suis très attaché au format papier enrichi par du contenu multimédia », précise Didier Lombard; Pour Jacques Attali, « nous voulions aller plus loin en mariant 2 objets nomades, le premier très ancien (le livre) et le second plus récent (le mobile) »; Pour Leonello Brandolini, « nous pourrions développer une version totalement numérique du "Sens des choses" avec du contenu multimédia supplémentaire mais ce n'est pas ce que nous avons voulu faire. Ce n'est pas à l'ordre du jour ».