Pochettes-surprises donc. Sauf que cette année, qui débute comme l'an passé dans une période économique morose, beaucoup de boutiques ont choisi de laisser voir en tout ou partie le contenu des sacs. C'est que les clients ne sont pas forcément disposés à lâcher plusieurs milliers de yens les yeux fermés, même s'ils ont encore été cette fin de semaine très nombreux à aller patienter devant les grandes enseignes avant l'ouverture des portes. Ce sont surtout les jeunes femmes (20-30 ans) qui sont, dit-on, les plus ferventes de cette festive opération commerciale.
Pour les besoins de cette chronique, l'auteur s'est donc rendue le 1er janvier, dans l'après-midi, au Bic Camera de Yurakucho, au coeur de Tokyo, un des rares magasins alors ouverts dans les parages du quartier huppé de Ginza qu'on avait encore peu vu aussi déserté de jour. Plus encore qu'à l'accoutumée, les vendeurs braillaient pour alpaguer le chaland, insistant sur les impressionnantes réductions consenties sur une large gamme de produits, et non des plus obsolètes.
Voici quelques exemples de fukubukuro, a priori les plus intéressants d'un point de vue comptable, puisés dans les différents rayons.
Un enregistreur à disques dur (320 Go) et optique Blu-Ray de marque non précisée mais japonaise à coup sûr (donc Sony, Sharp, Panasonic ou encore Pioneer) était proposé pour 49.800 yens (370 euros). Le modèle en question n'a sans nul doute pas plus d'un an, car il est rarissime dans ce genre de magasins au Japon que l'on garde en rayon des produits sortis plus de douze mois auparavant, tant est élevée la cadence de renouvellement de l'offre. Assurément, pour qui avait besoin de ce type d'appareil, il s'agissait d'une belle affaire. Un autre enregistreur vidéo, sans support Blu-Ray mais toujours avec un disque dur de 320 Go, était pour sa part affiché à 29.800 yens (220 euros). On a aussi repéré, mais en quantité réduite, une TV à cristaux liquides (LCD) de 32 pouces de diagonale, sans doute japonaise, accompagnée d'un enregistreur Blu Ray/disque dur 320 Go, le tout pour 169.800 yens (1.260 euros).
Produits-vedettes des fukubukuro depuis une dizaine d'années, les appareils photo numériques étaient encore très nombreux à être ainsi déstockés: modèle compact, de marque nippone Nikon par exemple, à partir de 7.980 yens (60 euros) et boîtier à visée Reflex à 49.800 yens (370 euros). Au rayon des divertissements mutimédias, on pouvait emporter une console de type non précisé (une Wii à tous les coups) accompagnée de deux jeux pour 19.800 yens (150 euros). Des caméscopes haute-définition étaient vendus à partir de 39.800 yens (295 euros). Lors de notre passage, une vendeuse proposait aussi le dernier fukubukuro enfermant un baladeur audio (petit modèle Walkman Sony) flanqué de plusieurs accessoires dédiés, pour 5.980 yens (45 euros). Pour les filles, un kit de soins esthétiques du visage (humidificateur de peau à ions négatifs, masseur facial à ultra-sons de marques respectives Panasonic et Yaman) était offert à 19.800 yens (150 euros), ce qui, compte tenu du tarif normal des dits produits, révèle une réduction de quelque 50%.
Les fukuburo (dont le prix représente entre un quart et la moitié du coût habituel) peuvent aussi être énormes et nécessiter un camion pour être livrés. Tel est par exemple le cas d'un ensemble à 2,01 millions de yens (14.900 euros) comprenant: un gros réfrigérateur/congélateur à six portes d'une capacité de 450 litres, un lave-linge, un aspirateur, un autocuiseur à riz, un purificateur d'air, un four à courant de vapeur, un téléviseur plasma 65 pouces (un Panasonic sans nul doute), un enregistreur vidéo Blu-Ray/disque dur, un système audio home-cinéma, un ordinateur portable, une imprimante, un lecteur Blu-ray portable à écran intégré, un appareil photo numérique assimilable à un modèle à visée Reflex et une montre. Le tout est presque complet pour qui vient de déménager ou a décidé de renouveler tous ses équipements après un traditionnel "grand ménage du nouvel an".
Notez que sur tous les prix ci-dessus affichés s'appliquent en sus des réductions supplémentaires sous forme de points à valoir sur l'achat ultérieur. Généralement, le nombre de points accordés va de 5% à 20% du tarif, ce qui n'est pas négligeable.
Outre ces fukubukuro, sont de plus aussi offerts spécialement à l'occasion de la nouvelle année des bonus de points sur une sélection d'autres produits.
L'un des plus importants concurrents de Bic Camera à Tokyo, Yodobashi Camera, a aussi cette année lancé une offensive sur divers produits, dont les appareils photo numériques à visée Reflex. Il proposait par exemple un kit Canon, boîtier EOS 7D avec 5 objectifs, digne d'un ensemble professionnel pour un million de yens (7.500 euros), ce qui revient à une réduction de 311.000 yens (2.300 euros), sans compter l'à-valoir de quelque 142.000 yens (1.045 euros) sous forme de points. Tous les kits en question, mis en vente le 1er janvier, étaient vendus le 2 janvier. Autre affaire relevée: un téléviseur Sony Bravia LCD 32 pouces datant de février 2009 pour 74.800 yens (555 euros) avec en sus un bonus de 17.204 points (128 euros), soit autant de yens à déduire d'un achat ultérieur. Vu enfin un modèle de TV LCD Aquos Sharp 37 pouces pour 99.800 yens (couronné de 23.000 points offerts).
Conclusion: il est de bon ton actuellement chez les fabricants et commerçants nippons de disserter sur le soi-disant "changement de comportement des consommateurs japonais", lesquels seraient brutalement, du fait de la crise, devenus plus raisonnables et moins matérialistes, donc moins bons clients. Reste, et ce début d'année le prouve une fois encore s'il en était besoin, qu'il suffit de leur proposer quelques réductions percutantes pour raviver leur fièvre acheteuse: ils étaient quand même des milliers tout excités à faire le planton dans le froid les matins des 1er et 2 janvier pour être les premiers à saisir les meilleurs fukubukuro.
Excellente année du tigre à tous. Kotoshi mo yoroshiku onegai itashimasu.