Chine : face à la censure, Google opère un repli

Alexandre Laurent
Publié le 23 mars 2010 à 08h26
Après deux mois de tergiversations diverses, Google a finalement pris le mors aux dents en Chine. Depuis lundi soir, les internautes qui tentent de se connecter à google.cn sont redirigés vers la version hongkongaise du site, google.com.hk, sur laquelle ne sévit aucune censure. La firme estime ainsi avoir trouvé une solution parfaitement légale de se soustraire aux conditions fixées par Pékin et dit vouloir maintenir ses activités commerciales dans l'Empire du milieu. Celles-ci n'auront toutefois de raison d'être que si le gouvernement chinois ne réagit pas à cette provocation par un blocage pur et simple des services Google pour les internautes du continent.

Depuis le début de l'année, la situation s'est tendue entre le moteur de recherche et la Chine. Google estime en effet avoir été victime d'une vague d'attaques informatiques de grande ampleur visant des militants des droits de l'Homme. Le 12 janvier dernier, il annonçait qu'il irait jusqu'à cesser ses activités en Chine si l'obligation de censurer les résultats de son moteur de recherche n'était pas levée. Le moteur avait alors procédé à une réintroduction partielle de certains résultats interdits par Pékin, illustrée par le retour immédiat de la fameuse photo du militant faisant face aux tanks sur la place Tiananmen sur la version chinoise de Google Images.

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Google.cn, le 13 janvier

Faute d'accord satisfaisant avec le gouvernement chinois, Google en est donc venu à opérer cette redirection, transparente pour l'internaute chinois, vers la version dédiée à Hong Kong de son moteur.

« Trouver la bonne solution pour respecter notre promesse de ne plus censurer la recherche sur Google.cn a été difficile », commente la firme dans un communiqué. « Nous pensons que cette nouvelle approche consistant à fournir une recherche non censurée en chinois simplifié à partir de Google.com.hk est une solution raisonnable aux difficultés que nous avons rencontrées - elle est parfaitement légale et améliorera significativement l'accès à l'information pour les gens qui vivent en Chine ».

« Nous espérons que le gouvernement chinois respectera notre décision, bien que nous soyons conscients qu'il pourrait décider de bloquer l'accès à nos services à tout moment », ajoute-t-il, en précisant que du fait d'une surcharge prévisible sur les serveurs hébergeant Google.com.hk, des interruptions de service sont à prévoir. Sur une page spécialement mise en place pour prévenir des dysfonctionnements sensibles depuis la Chine, le moteur de recherche apparait comme étant toujours accessible. En revanche, YouTube et Blogger semblent inopérants.

Tiananmen déjà censurée

Un coup pour rien ? Mardi matin, les internautes qui se connectent depuis la Chine continentale à Google.cn ou Google.com.hk ne sont pas en mesure d'afficher les pages de résultats liées à Tiananmen. Ils voient alors un message d'erreur témoignant d'une erreur réseau ou d'une impossibilité d'afficher la page désirée.

S'ils n'ont pas encore indiqué quelle sera la politique de censure appliquée à Google Hong Kong, les officiels chinois ont d'ores et déjà condamné la décision prise par le moteur. « Google a violé une promesse écrite qu'il avait faite quand il est entré sur le marché chinois en arrêtant de filtrer son service de recherche et en blâmant la Chine dans ses insinuations relatives à de prétendues attaques informatiques », a fait savoir dès lundi soir un représentant du bureau de l'Information chinois.

La firme américaine risque donc une éviction pure et simple du marché chinois, considéré comme l'un des plus importants bassins d'audience potentielle au monde avec une population d'aujourdhui 385 millions d'internautes, en très forte croissance. Google y détient environ 30% du marché de la recherche, loin derrière le numéro un local, Baidu. Reste à voir si les bénéfices induits par cette démarche sur le plan de l'image compenseront le manque à gagner que provoquerait le blackout de ses services en Chine.

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Alexandre Laurent
Par Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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