La haute cour de justice de New Delhi vient de donner raison à Anil Kapoor, l'une des figures les plus reconnaissables du cinéma indien.
Cette décision, qui devrait protéger son image à travers tous les médias, est surtout dirigée contre les recréations par intelligence artificielle. Au-delà de l'importante protection qu'elle lui garantit, ce verdict risque bien de faire juridiction et il serait étonnant que nombre d'acteurs indiens ne suivent pas son exemple. Avant d'inspirer la justice ailleurs ?
Car le débat sur la propriété intellectuelle dans l'intelligence artificielle est presque aussi vieux que l'intelligence artificielle elle-même, et cette décision de justice intervient alors que l'une des plus longues grèves de l'histoire des auteurs américains semble toucher à sa fin. Elle porte notamment sur l'usage de l'intelligence artificielle et Kapoor a d'ailleurs apporté son soutien à ces derniers.
Le nom, la voix et l'image de Kapoor sont désormais protégés
La décision de la haute cour de New Delhi protège donc l'image et tous les attributs clairement reconnaissables de Kapoor. En d'autres termes, l'acteur peut désormais intenter un procès à quiconque utilise son image sans son autorisation, que ce soit dans un but commercial ou pour un « usage malintentionné », tels que des deepfakes ou même de simples GIFs par exemple. Cette protection semble assez complète puisque même sa catchphrase, « jhakaas » est protégée.
S'il reste à voir ce que ce jugement pourra donner dans la pratique, il est tout de même historique à plus d'un titre. Le simple fait de protéger la voix est déjà extrêmement inhabituel, celle-ci étant normalement exclue du copyright ou de toute protection intellectuelle. Mais surtout, les intelligences artificielles qui ont déjà été entraînées avec son image pourraient bien avoir à revenir en arrière et « l'oublier » pour éviter de coûteux procès.
Enfin, une telle décision dans un pays qui compte une aussi puissante industrie du cinéma pourrait, forcément, donner des idées à d'autres acteurs.
Artistes VS IA
Car elle intervient dans un contexte plus large dans lequel les artistes du monde entier tentent de protéger leurs arrières pour éviter de se faire remplacer par l'IA. Et le meilleur exemple de cela est la grève de la guilde des auteurs américains, qui dure depuis cinq mois, résultant en l'interruption de nombreuses séries. Si l'on compte une meilleure répartition des revenus parmi leurs revendications, la protection face à l'usage de l'intelligence artificielle y occupe également une belle place. Des revendications auxquelles Kapoor a d'ailleurs apporté son soutien, et auxquelles les studios pourraient bien répondre favorablement : la guilde a annoncé ce lundi avoir trouvé un accord de principe.
Les scénaristes pourraient donc bientôt reprendre le travail mais… cela ne signifie pas pour autant que les productions américaines reprendront : car dans leur sillage, ce sont les acteurs qui ont des revendications similaires de protection contre l'IA. Même si ça ne leur plaît pas, les laboratoires d'IA pourraient bien devoir finir par respecter la propriété intellectuelle de ceux qui entraînent leurs modèles.
Sources : Mashable, The Guardian