Les députés européens réclament des règles plus strictes contre l'addition aux plateformes numériques et aux réseaux sociaux, insistant sur les impacts sur la santé mentale des plus jeunes notamment. La France salue et encourage la démarche.
Le Parlement européen continue d'avancer vers la régulation des interfaces addictives sur les grandes plateformes, en complément du Digital Services Act, nouveau texte réglementaire majeur. L'institution propose une résolution qui vise à éliminer les mécanismes nuisibles et à donner plus de contrôle aux utilisateurs sur leur expérience en ligne, en particulier sur les réseaux sociaux. En France, le Conseil national du numérique note les « avancées » de l'UE. Que retrouve-t-on dans cette résolution ?
L'Europe et la France veulent une régulation des interfaces addictives, et une plus grande liberté pour les utilisateurs
Un an après l'adoption du règlement sur les services numériques, le Parlement européen propose de franchir une étape cruciale pour contrôler les effets néfastes des interfaces jugées addictives des réseaux sociaux et autres grandes plateformes numériques. La semaine dernière, la Commission européenne a adopté un projet de règlement incluant des dispositions telles qu'un flux de recommandation alternatif, l'obligation d'exploitation des paramètres de recommandation, et l'interdiction des interfaces trompeuses.
Des bonnes pratiques comme « réfléchissez avant de partager », des résumés du temps total d'écran ou la désactivation des notifications par défaut sont dans les tuyaux. Le Parlement insiste sur l'examen des interfaces des plateformes en tant que facteur de propagation des risques systémiques. Il encourage Bruxelles à prendre en compte cette dimension, pour renforcer le contrôle des grands réseaux sociaux.
La proposition de résolution, qui est entre les mains de la Commission européenne, demande à ce que l'on puisse ouvrir l'infrastructure des réseaux, pour donner la possibilité à l'utilisateur de configurer sa propre expérience. Cette suggestion s'aligne en tout cas sur les travaux du Conseil national du numérique sur l'économie de l'attention et le droit au paramétrage.
Une ouverture des réseaux sociaux prônée
Les membres du Conseil français soulignent l'importance de comprendre les effets des plateformes sur l'attention des utilisateurs, et appellent à rendre à ces derniers leur autonomie. Ils imaginent « des réseaux sociaux vraiment sociaux », où les utilisateurs seraient libres de leurs choix, comme l'explique la copilote des travaux du Conseil national du numérique sur l'économie de l'attention, Anne Alombert.
Le secrétaire général du Conseil, Jean Cattan, souligne l'importance de l'intégration de cette question dans l'analyse des risques par la Commission européenne. Appelant à la « sensibilité » de Bruxelles, il nous rappelle l'enjeu majeur que représente la régulation des interfaces des réseaux sociaux.
Le Conseil national du numérique explore aujourd'hui divers moyens d'action, comme la consécration du droit au paramétrage et le « dégroupage » des réseaux sociaux. De telles initiatives permettraient à des tiers de fournir des alternatives aux fonctionnalités habituelles des réseaux sociaux. Pour une innovation préservée, et surtout, une liberté de choix.
Source : Conseil national du numérique, Parlement européen