On n'y échappera pas : nos contenus vidéo ludiques seront, eux aussi, affectés par l'émergence des grands modèles de langage. Alors, bonne ou mauvaise nouvelle ?
L'intelligence artificielle et les jeux vidéo sont étroitement liés depuis de très nombreuses années. Le contrôle des personnages non-joueurs ou la génération procédurale de niveaux, par exemple, sont ancrés dans le quotidien des développeurs et des joueurs.
Cependant, les choses ont bien changé depuis plusieurs mois avec la montée en puissance de ChatGPT, Midjourney et consorts. Leurs technologies font progressivement leur entrée dans de nouveaux titres, et Microsoft souhaite que tout le monde puisse en profiter.
Des PNJ moins bêtes et des scénarios plus dynamiques
L'engagement de la firme de Redmond en faveur de l'intelligence artificielle générative n'est plus à démontrer. Le géant américain a investi des sommes colossales dans OpenAI, la société à l'origine de ChatGPT et DALL-E, et la quasi-totalité de ses logiciels et services sont désormais alimentés par ces technologies, à l'image de Windows 12.
Mais, Microsoft, c'est aussi un mastodonte du jeu vidéo. Là encore, le géant américain a de grandes ambitions et n'hésite pas à investir des milliards de dollars dans le secteur, comme en témoigne son récent rachat d'Activision-Blizzard. Alors, si un peu d'IA faisait son apparition dans l'écosystème Xbox, cela ne surprendrait pas grand monde. Et, c'est bel et bien ce qui est en train de se passer.
L'entreprise vient, en effet, de s'associer à Inworld AI pour proposer de nouveaux outils aux développeurs de titres destinés à la Xbox. Ceux-ci devraient permettre de créer des personnages, des quêtes et des dialogues grâce à l'IA générative. Pour Haiyan Zhang, responsable de l'IA pour Xbox, l'objectif est de permettre aux créateurs de « réaliser des jeux encore plus extraordinaires ».
Les possibilités semblent plurielles. La technologie d'Inworld devrait permettre de créer des PNJ capables de réagir, même avec la voix, de manière très personnalisée aux questions des joueurs, pour ne citer qu'un exemple. Au final, on pourrait se retrouver avec des scénarios très dynamiques et plus personnalisés que jamais.
Faut-il s'attendre au pire ou au meilleur ?
« Nous voulons aider les développeurs à réaliser leurs visions, à essayer de nouvelles choses, à repousser les limites actuelles et à expérimenter pour améliorer le gameplay, la connexion avec les joueurs et bien plus encore », ajoute Zhang. Pour Ilya Gelfenbeyn, PDG d'Inworld, il s'agit d'un mariage naturel qui devrait ouvrir « de nouvelles opportunités en matière de narration et d'engagement des personnages dans les jeux ».
Un enthousiasme qui n'est pas partagé par tout le monde. « Entre l'utilisation abusive de l'IA et les salaires à la traîne, ceux qui travaillent dans les jeux vidéo sont confrontés aux mêmes problèmes que ceux qui travaillent dans le cinéma et la télévision », estime Ray Rodriguez, responsable dans le syndicat américain SAG-AFTRA. Ses membres ont récemment voté en faveur d'un mouvement de grève, reste à voir l'impact que cela aura sur l'industrie.
Reste également à voir comment seront utilisés les outils mis à la disposition des développeurs par Microsoft et Inworld. Si l'on peut s'attendre à de très mauvaises surprises pour les joueurs, on peut espérer que d'excellents développeurs auront de bonnes idées. Car, si l'intelligence artificielle générative s'est très tôt montrée sous un mauvais jour, la technologie est aussi pleine de potentiel.
Il y a fort à parier qu'à l'époque des jeux d'aventure textuelle comme Colossal Cave Adventure, les développeurs et les joueurs auraient beaucoup donné pour avoir accès à de tels outils. À nous, aujourd'hui, d'en faire bon usage.
Source : The Verge