À New York, on veut augmenter le nombre de véhicules Uber et Lyft électriques. Mais la volonté des autorités suscite la controverse, notamment des taxis, qui s'estiment lésés face aux avantages promis aux chauffeurs des plateformes.
Le mois dernier, la New York City Taxi and Limousine Commission (NYC TLC) a pris sa première décision marquante depuis plusieurs années, en délivrant une licence de conducteur aux chauffeurs Uber, Lyft et autres VTC, s'ils roulent en véhicule électrique. Le programme, baptisé Green Rides, vise à créer une flotte de taxis et de VTC entièrement électrique d'ici 2030. Mais il suscite des inquiétudes concernant des baisses de salaires potentielles et provoque la grogne des taxis. Il fait d'ailleurs l'objet d'un recours juridique qui, aujourd'hui, complique les choses dans la grosse pomme.
De l'enthousiasme à la justice : l'électrification des Uber à New York tourne court
La Taxi and Limousine Commission de New York a lancé le programme Green Rides à la mi-octobre, permettant aux conducteurs d'Uber et de Lyft de demander une licence s'ils conduisent des véhicules électriques, alors même que le nombre de ces licences était restreint depuis 2018. L'initiative s'inscrit dans le cadre du plan plus large de Big Apple visant à passer à une flotte de taxis et de VTC entièrement électrique d'ici 2030.
L'augmentation soudaine de la demande de véhicules électriques à New York, en particulier du modèle Y de Tesla (qui permet de délivrer le service le plus cher chez Uber), a été déclenchée par ce fameux changement dans les règles de la TLC. L'opportunité a entraîné une ruée vers les concessionnaires de voitures électriques.
Figurez-vous que trois semaines après le lancement du programme, un pépin juridique a explosé au visage des chauffeurs enthousiastes. Un groupe représentant les travailleurs des taxis et des VTC déjà en activité a fait valoir que le nouveau programme avait été introduit sans franchir les étapes réglementaires nécessaires, ce qui pourrait affecter les salaires des conducteurs existants et aggraver la congestion routière new-yorkaise. Un juge de l'État a alors ordonné une pause temporaire du programme.
Les complexités de l'équilibre
Le paysage réglementaire unique de New York, où l'on retrouve les réglementations les plus strictes sur Uber et Lyft (au même titre qu'Airbnb, un autre acteur majeur de « l'économie collaborative) », contribue à la complexité de la situation. Le retard de l'État dans l'adoption de véhicules électriques, malgré des objectifs ambitieux, soulève des inquiétudes quant à l'absence d'infrastructures publiques de charge rapide pour convaincre les conducteurs qu'une voiture électrique est adaptée à leurs besoins.
Pourtant, l'initiative de la ville visant à inciter les conducteurs de VTC à passer aux véhicules électriques doit, en théorie, encourager le développement de davantage d'infrastructures de charge. Les défis liés au coût élevé de l'immobilier et à l'utilisation sous-optimale des infrastructures existantes présentent néanmoins des obstacles à la réalisation de cet objectif. Une situation donc vraiment paradoxale.
L'Alliance des travailleurs des taxis de New York reste, de son côté, particulièrement inquiète des licences illimitées que la ville est prête à accorder pour les véhicules électriques. Près de 10 000 licences ont été distribuées entre mi-octobre et mi-novembre, alors qu'aujourd'hui, New York compte plus de 100 000 véhicules enregistrés auprès d'Uber, Lyft et les autres acteurs. Si Uber a promis de ne pas baisser le salaire des conducteurs, l'entreprise et ses concurrents restent suspendus à la décision définitive du tribunal, qui façonnera probablement l'avenir du plan ambitieux de New York visant à électrifier ses flottes de taxis et de VTC.
Source : Wired