Les glaces de la coopération scientifique avec la Russie fondent dans l'Arctique. Le conflit en Ukraine laisse un vide crucial dans la recherche climatique, mettant en danger notre connaissance des changements environnementaux.
Traditionnel bastion de coopération scientifique, l'Arctique voit pourtant ses liens rompus entre chercheurs occidentaux et russes, depuis l'invasion du Kremlin en Ukraine. Les conséquences de cette rupture se font sentir dans une région cruciale pour la recherche climatique, mettant en péril les collaborations et l'accès aux données sur le permafrost. De fait, cela crée des incertitudes dans les estimations et projections climatiques futures, alors que la région joue, assez indéniablement, un rôle vital dans le climat mondial.
Une collaboration entre Russes et Occidentaux suspendue, qui n'est pas sans conséquence(s) sur la recherche climatique
Ce n'est que l'une des nombreuses conséquences du conflit en Ukraine, mais elle n'est pas à prendre à la légère. La guerre a interrompu le flux de données essentielles qui provenait de la Russie, qui mine de rien représente plus de la moitié de l'Arctique. L'absence d'informations affecte aujourd'hui la recherche sur le permafrost, une menace climatique XXL en territoire russe, et d'autres phénomènes cruciaux.
Les scientifiques sont hélas privés d'éléments nécessaires pour évaluer les changements environnementaux, ce qui met en danger la précision des projections climatiques et la capacité à anticiper les impacts sur les régions européenne, américaine et canadienne de l'Arctique.
Au sein du Conseil de l'Arctique, la coopération entre Occidentaux et Russes est suspendue, mettant en attente de nombreux projets et études. Les relations avec les institutions de recherche russes sont coupées, et même les chercheurs dits « indépendants » craignent de coopérer, de peur d'être accusés d'espionnage et de trahison par Moscou.
Le suivi du dérèglement climatique inexorablement soumis au contexte géopolitique
La recherche sur les grands fleuves sibériens, source cruciale d'eau douce pour l'océan Arctique, est aussi gravement entravée. L'absence de mesures sur le terrain rend impossible l'évaluation des impacts de l'exploitation des hydrocarbures et d'autres activités industrielles. Les scientifiques craignent l'accumulation de polluants dans le dérive transpolaire, qui perturbe l'équilibre écologique entre le Groenland et le Svalbard, nous indiquant l'urgence de rétablir la coopération scientifique dans la région le plus tôt possible.
Ce ne sera malheureusement pas une mince affaire. La communauté scientifique dans l'Arctique doit faire face aux nouvelles réalités géopolitiques. Les chercheurs s'efforcent pourtant de trouver des solutions alternatives pour compenser le manque de données russes, en exploitant des bases de données internationales et des observations satellite, par exemple.
Mais ces ressources restent largement lacunaires. Les scientifiques plaident pour une réconciliation et la restauration de la coopération pour préserver la précieuse recherche climatique dans une région qui, au risque de nous répéter, est devenue cruciale pour comprendre les défis mondiaux du changement climatique.
Source : TV5 Monde, AFP