Manettes de PS4 © Alejo Bernal / Shutterstock.com
Manettes de PS4 © Alejo Bernal / Shutterstock.com

L'Autorité de la concurrence a annoncé, mercredi, avoir condamné Sony à une amende de 13,5 millions d'euros, pour abus de position dominante sur le marché des manettes de jeux vidéo PS4.

Saisie par le fabricant français de manettes de jeux vidéo Subsonic, l'Autorité de la concurrence a mené une enquête autour des pratiques de Sony, soupçonnée d'avoir abusé de sa position dominante sur le marché des manettes de jeux PS4 (PlayStation 4). L'investigation a révélé que le géant japonais a mis en oeuvre des contre-mesures techniques comme la déconnexion des manettes qui n'étaient pas produites et qui n'étaient pas sous licence Sony. Il lui est aussi reproché une politique d'octroi de licence opaque.

L'Autorité a dévoilé le détail des faits et annoncé, ce mercredi 20 décembre 2023, la sanction financière prononcée à l'encontre de Sony : une amende de 13,5 millions d'euros.

De grosses barrières à l'entrée sur le marché des manettes PS4

La PS4, commercialisée en 2013, était accompagnée de la manette DualShock 4, qui pouvait aussi être vendue séparément. Sony dominait sans grande surprise le marché des manettes pour la PS4, mais l'Autorité de la concurrence a identifié des pratiques anticoncurrentielles liées à deux principaux éléments.

D'abord, l'institution s'en prend aux contre-mesures techniques mises en place par Sony, et ce dès 2015. Au mois de novembre de cette même année, l'entreprise a mis en place un dispositif au départ destiné à lutter contre la contrefaçon. Mais en réalité et dans la pratique, il a affecté le fonctionnement des manettes de jeux tierces, c'est-à-dire celles produites par d'autres fabricants que Sony, qui ne bénéficient pas, en outre, d'une licence officielle.

L'autorité a constaté que lors de certaines mises à jour de la PlayStation 4, ces manettes hors Sony étaient déconnectées du système d'exploitation de la console. Si les fabricants ont pu, régulièrement, proposer des correctifs, ces derniers n'étaient pas toujours rapidement déployés et n'étaient pas toujours très simples à installer, perturbant ainsi l'expérience des joueurs, et portant un coup à la réputation de ces fabricants. L'erreur de Sony a donc été de déconnecter des manettes qui n'étaient pourtant pas contrefaites.

Logo Sony © Klochkov SCS / Shutterstock.com
Logo Sony © Klochkov SCS / Shutterstock.com

Une politique d'octroi de licences opaque, la goutte qui fait déborder le vase

Le second problème concerne la politique d'octroi de licence. Des entreprises concurrentes qui souhaitaient par exemple vendre des manettes compatibles avec la PlayStation 4 se voyaient refuser l'accès au programme de partenariat dit « OLP » de Sony. Pourtant, ce dernier constitue l'unique moyen d'obtenir une licence officielle ainsi que les numéros d'identification uniques.

L'autorité de la concurrence estime qu'en ne communiquant pas les critères d'accès à tous les fabricants qui réclamaient un partenariat, Sony a agi de manière discrétionnaire et contre le droit de la concurrence. « Ces entreprises non licenciées ont par conséquent dû faire face aux déconnexions intempestives mises en œuvre par Sony dans le cadre des différentes mises à jour logicielles, sans être en mesure de rejoindre le programme de licence », indique l'institution, dans le prolongement des contre-mesures techniques.

Pour l'autorité, les deux pratiques cumulées, qui plus est sur une période de 4 ans, ont gravement nui aux entreprises touchées. Elle a sanctionné de façon solidaire plusieurs entités Sony, dont Sony Interactive Entertainment France et la maison-mère Sony Group Corporation, d'une amende de 13,53 millions d'euros.