Il s'appelle Taters, c'est le chat d'un des chercheurs du Jet Propulsion Laboratory (JPL) et son clip de 15 secondes a été envoyé depuis la sonde Psyché, à plus de 30 millions de kilomètres de la Terre. Une expérience réussie de transmission par signaux laser, que la NASA voudrait employer sur ses futures missions.
Le 13 octobre dernier, grâce à une fusée Falcon Heavy de SpaceX, la mission Psyché pouvait démarrer. La sonde de la NASA entamait alors un long voyage, puisqu'il lui faudra jusqu'à 2029 pour rejoindre le grand astéroïde métallique (Psyché, il a le même nom que le petit véhicule). Et généralement, après quelques semaines de tests et de vérification que tous les instruments et éléments de la sonde fonctionnent, les équipes au sol entament une période de mise en sommeil.
Tous les ans, ou tous les 18 mois, ils vérifient que tous les systèmes à bord sont en bonne santé et que la sonde est sur le bon chemin. Pour Psyché, l'hibernation attendra un peu. Ce 11 décembre, la NASA et le laboratoire JPL ont réussi la première démonstration du DSOC, ou Deep Space Optical Communications, une expérience de liaison de données par laser.
Taters chasse un laser
Le DSOC de la mission Psyché est un démonstrateur technologique, et c'est une pièce imposante : 25 kg, 75 watts de puissance et une diode laser dans le proche infrarouge qui émet vers la Terre avec une grande précision pour être reçue en Californie, par l'observatoire Palomar, géré par Caltech, université qui couvre également les activités du JPL. Le laser en était donc à sa première démonstration, mais il y en aura plusieurs dans les années à venir, y compris lorsque Psyché sera à plus de 300 millions de kilomètres de notre planète, dix fois plus que lors de cet essai en décembre.
En attendant, les équipes ont pu recevoir la vidéo transmise par Psyché avec une qualité impeccable, et observer le chat nommé Taters (il appartient à l'un des chercheurs du labo) courir après un pointeur laser sur un canapé. L'image contient quelques autres éléments de test comme du texte (pour vérifier qu'il n'y a pas de décalage de lignes) ainsi que des marqueurs de couleur.
Des enjeux à longue distance
La communication des sondes et satellites par laser est un sujet d'actualité relativement brulant en orbite basse, avec les unités de plusieurs constellations dédiées à la connectivité qui testent cette solution pour transférer entre eux ou vers le sol d'énormes quantités de données. C'est aussi le cas entre satellites de l'orbite basse et quelques unités géostationnaires, pour s'affranchir de passages critiques et courts au-dessus de stations au sol. Mais pour des sondes et des missions hors de l'orbite terrestre, cette technologie n'a jamais été déployée de façon opérationnelle.
Elle intéresse notamment les agences pour les futures missions autour (et sur) la Lune, mais également plus loin, car le réseau d'antennes de la NASA (le Deep Space Network) a des capacités limitées pour recevoir de grandes quantités de données comme des images de télescopes, des films pris par des sondes et des relevés qu'il faut alors stocker de façon locale, parfois plusieurs années. L'ère des communications laser au long cours a peut-être démarré. Avec un chat roux.
Source : BBC