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ASML vient d'annoncer qu'elle annulait la possibilité d'exporter vers la Chine certaines de ses machines de pointe permettant la production de semi-conducteurs. Une décision prise sous la pression des États-Unis.

Pour produire les semi-conducteurs les plus avancés, d'une taille inférieure à 7 nm, il est nécessaire d'utiliser des machines de pointe, que seul l'entreprise néerlandaise peut fournir. Raison pour laquelle les Pays-Bas, tout comme le Japon, sont depuis le début embarqués par les États-Unis dans sa guerre commerciale avec la Chine. Washington veut réduire au maximum le développement technologie de son rival dans plusieurs domaines de pointe, dont les semi-conducteurs, composants qui sont utilisés partout, de l'IA aux smartphones en passant par les missiles.

La Chine coupée des machines de pointe

C'est un coup dur pour Pékin. ASML vient en effet d'annoncer qu'elle annulait partiellement l'exportation de machines de lithographie NXT:2050i et NXT:2100i en direction de la Chine. Ces machines utilisent la technologie ultraviolette profonde (DUV), qui permet de graver des composants à moins de 7 nm.

Signe que l'étau se resserre autour de la Chine, il ne s'agit même pas de la dernière génération de systèmes dans le domaine, ASML ayant depuis développé une technologie ultraviolette extrême (EUV) qui grave des semi-conducteurs à des tailles encore plus basses. Cette technologie n'a jamais été exportée vers la Chine.

Selon l'agence Bloomberg, les États-Unis seraient derrière cette décision. L'administration Biden aurait en effet contacté à la fin de l'année dernière le gouvernement hollandais pour empêcher l'exportation de ces outils vers son rival chinois.

La guerre des semi-conducteurs continue © William Potter / Shutterstock
La guerre des semi-conducteurs continue © William Potter / Shutterstock

Les métaux rares, la réponse à venir de la Chine ?

D'après ASML, cette décision ne devrait toucher qu'un « petit nombre de clients. » Leur identité n'a pas été communiquée, mais l'entreprise hollandaise compte parmi ses acheteurs dans l'Empire du milieu des géants comme SMIC, le plus grand fabricant de semi-conducteurs du pays, ou Hua Hong. La Chine est le troisième plus gros marché d'ASML, après Taïwan et la Corée du Sud.

Sans surprise, la réaction de Pékin n'a pas été bonne. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Wang Wenbin a ainsi appelé ASML à « être impartial, [à] respecter les principes du marché et la loi, [à] prendre des mesures concrètes pour protéger les intérêts communs des deux pays et de leurs entreprises et maintenir la stabilité des chaînes d'approvisionnement internationales. »

Il est pour le moment compliqué de savoir à quel niveau technologique la Chine est arrivée dans la production autonome de semi-conducteurs. En 2023, Huawei, qui est pourtant sous le coup d'énormes sanctions des États-Unis, avait sorti un Huawei Mate 60 Pro offrant la 5G, signifiant par là qu'il embarquait une puce de 7 nm, dont l'origine n'avait pas été spécifiée.

Le gouvernement chinois prévient de son côté que des mesures de représailles seront prises. Elles devraient toucher les terres rares, dont l'activité de raffinement est quasiment un monopole mondial de la Chine. En août dernier, le pays avait déjà imposé des restrictions sur deux d'entre eux (gallium et germanium). Une suite bientôt au programme ?

Source : Reuters