En mars dernier, une situation alarmante a poussé la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) à alerter l'Agence nationale des fréquences (ANFR) des perturbations GPS affectant les hélicoptères du SAMU près de Lille.
Avec le recul, l'ANFR peut plus sereinement parler de cette histoire de brouillage remontant à la fin de l'hiver 2023. Les 15 et 16 mars, les hélicoptères des SAMU 59 (Nord) et 62 (Pas-de-Calais) signalent des pertes de position. Le système de positionnement par satellites (GNSS) qui utilise notamment les constellations GPS et Galileo est altéré, alors qu'il est vital pour leur mission. La DGAC sollicite l'ANFR, dont les agents n'ont pas identifié un mais deux brouilleurs potentiellement responsables des perturbations. Une chasse commence alors pour les localiser.
Un brouilleur GPS découvert dans un véhicule professionnel, qui essayait de masquer sa géolocalisation
Le 22 mars, l'hypothèse initiale d'un brouillage GPS unique est rapidement écartée par les enquêteurs de l'antenne de Boulogne-sur-Mer, qui ne tardent donc pas à identifier deux sources potentielles, l'une fixe et l'autre mobile. La nécessité de localiser ces émetteurs devient impérative, car les opérations critiques du SAMU doivent être sécurisées.
Ajoutez à cela que les pertes GNSS peuvent aussi entraver les décollages des avions depuis l'aérodrome de Merville, à l'ouest de Lille. C'est notamment autour de cette zone que les deux agents de l'ANFR, équipés de récepteurs spécialisés, vont mener leurs recherches. Malheureusement, le brouilleur fixe reste inactif ce jour-là, mais des signaux conduisent le deuxième enquêteur vers une découverte cruciale à Calais.
La perspicacité de l'enquêteur le conduit à la localisation d'un brouilleur GPS à Calais, à une centaine de kilomètres de la zone initiale. Il s'avère être installé dans le véhicule d'un professionnel en intervention, qui neutralise sa géolocalisation, ce qui est illégal au passage. L'ANFR rappelle que la possession et l'utilisation d'un brouilleur GPS sont des délits passibles de 30 000 euros d'amende et 6 mois de prison. L'agence sollicite l'intervention immédiate de la police nationale pour saisir le matériel, ce qui permet de neutraliser ce premier brouilleur en moins de quelques heures. Mais l'affaire n'est pas finie pour autant.
De nouveaux brouilleurs découverts le lendemain, chez un particulier cette fois
Le brouillage reprend dès le lendemain, ce qui contraint les enquêteurs de l'ANFR à poursuivre leur mission. Les techniciens se munissent de nouveau de leurs récepteurs et antennes directives, et ils parviennent à remonter jusqu'à une maison près de l'aéroport de Merville.
Avec l'aide de la gendarmerie, ils parviennent à mettre la main sur un premier brouilleur multi-bandes, acheté sur Internet et découvert au sein de cette maison située dans la commune d'Estaires. Mais pourtant, les agents relèvent toujours une émission perturbatrice. Et c'est normal, car ils finissent par découvrir un second brouilleur, caché dans le cabanon du jardin.
Convoqué à la gendarmerie, le propriétaire a dû céder ses brouilleurs, et ce fut la fin des perturbations touchant les hélicoptères du SAMU et les avions des alentours. Une mission une nouvelle fois rondement menée par les unités de l'Agence nationale des fréquences.
Source : ANFR