La Gare de Lyon à Paris © Alexandre Boero / Clubic
La Gare de Lyon à Paris © Alexandre Boero / Clubic

Une enquête de l'ANFR révèle comment de simples câbles DisplayPort vers VGA ont perturbé le réseau 4G dans et autour de la Gare de Lyon. La perturbation venait d'un voisin : le ministère de l'Économie et des Finances.

La Gare de Lyon, à Paris, a été le théâtre d'un mystérieux brouillage de son réseau 4G il y a quelques mois, comme le révèle l'Agence nationale des fréquences (ANFR) cette semaine. Dans un scénario digne d'un thriller technologique, ce qui semblait n'être qu'une simple perturbation s'est transformée en véritable chasse au trésor, menant les enquêteurs de l'agence dans les dédales d'un des quartiers les plus fréquentés de la capitale, jusqu'à atterrir à Bercy.

Sur la piste du brouilleur 4G fantôme, à la Gare de Lyon

L'aventure a commencé lorsque des usagers ont rencontré des problèmes de connexion 4G, que ce soit pour la téléphonie ou l'Internet mobile, le tout dans la bande de fréquences 800 MHz réservée aux opérateurs mobiles, dans et autour de la gare de Lyon. Les agents de l'ANFR ont rapidement été dépêchés sur place, armés d'antennes directives et de récepteurs sophistiqués. Leur mission : traquer la source du brouillage dans un labyrinthe de béton et d'acier, parsemé d'obstacles électromagnétiques. Franchement pas une mince affaire.

La quête les a d'abord menés sur le toit de la gare, leur offrant une vue panoramique bien agréable sur la capitale, mais hélas peu d'indices concrets. Des canyons urbains, ces rues étroites bordées d'immeubles hauts, compliquaient la tâche des techniciens, en créant des effets d'ombre qui affectent à la fois la transmission et la réception des émissions radio. C'est donc au sol que l'enquête a pris un tournant décisif.

Après quelques jours de recherches minutieuses, occupées par du porte-à-porte auprès des particuliers et entreprises du coin, les agents ont finalement remonté la piste jusqu'à un endroit inattendu : le ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique. Certaines des bâtiments de Bercy longent en effet la gare parisienne. Et c'est dans un bureau situé au dernier étage que les agents ont fait une découverte surprenante.

Deux câbles reliant des ordinateurs à leurs écrans étaient responsables des perturbations

Les coupables ? Deux simples câbles DisplayPort vers VGA, que certaines verront comme l'ancêtre du câble HDMI, et qui permettent de relier un ordinateur à un écran. Les câbles en question, apparemment inoffensifs, émettaient des parasites électromagnétiques suffisamment puissants pour perturber une antenne 4G située, à vol s'oiseau, à environ 60 mètres du bureau.

L'ANFR était jusque-là davantage habituée à « traiter des brouillages causés par des câbles HDMI en défaut de compatibilité électromagnétique (CEM), car insuffisamment blindés ». La grande différence entre un câble DisplayPort et un câble HDMI reste la vitesse de transfert de données. En débranchant les deux câbles, le responsable informatique des lieux, abasourdi, n'a pu que constater la fin immédiate du brouillage, sous les yeux des chasseurs d'ondes de l'ANFR, enfin récompensés de leurs efforts.

Ce cas illustre bien l'importance de la compatibilité électromagnétique (CEM) des équipements électroniques. Des appareils mal conçus, vieillissants ou non conformes peuvent devenir des sources de brouillage insoupçonnées. Avec des conséquences qui peuvent être graves, allant de simples désagréments pour les utilisateurs à des perturbations potentiellement dangereuses des communications d'urgence. Fort heureusement, ici, tout a fini par rentrer dans l'ordre.

Source : ANFR