Branchées sur une bande de fréquences réservée à un opérateur pour son réseau mobile, des caméras de surveillance ont provoqué la pagaille sans le vouloir dans le Rhône. L'Agence nationale des fréquences a dû intervenir.
Un opérateur téléphonique a constaté, en début d'année, que les services 3G d'un quartier tout entier de la commune de Loire-sur-Rhône, situé à une trentaine de kilomètres de Lyon, ne fonctionnaient plus normalement. L'Internet mobile et la téléphonie sont devenus chancelants, la faute à un brouillage causé par… des caméras de surveillance. L'ANFR, l'Agence nationale des fréquences, est revenue sur cet épisode, en expliquant comment on en est arrivé là, et comment les choses ont pu s'arranger.
Les antennes relais brouillées par des caméras de surveillance
L'opérateur en question, dont on ignore l'identité (peut-être Free Mobile, ou alors Orange ou SFR, Bouygues ne possédant pas de pylône dans la zone), a remarqué à la fin du mois de janvier 2024 que deux de ses antennes relais subissaient un brouillage dans la bande de fréquences des 2,6 GHz.
Les chasseurs d'ondes de l'ANFR se rendent alors sur l'emplacement de l'une des antennes, pour constater le brouillage. Puis à l'aide de leur radiogoniomètre, ils se laissent guider et roulent vers l'endroit où le niveau d'émission de la fréquence brouilleuse est le plus élevé.
Ils s'arrêtent à un peu moins d'un kilomètre de l'antenne, à vol d'oiseau, devant une entreprise de transport. Cette fois munis d'une antenne directive et d'un récepteur, les agents de l'ANFR tombent sur les équipements à l'origine du brouillage des installations mobiles : des caméras de surveillance connectées en Wi-Fi à un système central de vidéoprotection.
L'entreprise mise en cause utilisait son réseau Wi-Fi hors de la bande de fréquences autorisée
Les fameuses caméras de vidéosurveillance fonctionnaient en Wi-Fi sur une fréquence centrale de 2,525 GHz, qui est censée être, si l'on se fie à la frise des fréquences, réservée à la radiolocalisation et au réseau mobile.
Le Wi-Fi dispose d'un spectre qui débute à 2,4 GHz (2 400 MHz) et se termine à 2,483 GHz (2 483,5 MHz). Ce qui veut dire que les caméras de surveillance utilisaient un Wi-Fi qui n'était pas supposé fonctionner autour de la bande 2,525 GHz.
Les agents de l'ANFR ont pu vite s'apercevoir que l'entreprise où était installé le système de vidéoprotection en Wi-Fi était de bonne foi. Son responsable a, devant les chasseurs d'ondes, lancé l'interface web de programmation de son système. Il aura simplement fallu reprogrammer le système sur la norme « EU », pour Europe, pour bien émettre dans les fréquences autorisées. Ces erreurs de paramétrage peuvent arriver avec du matériel fabriqué hors de l'Union européenne. Il suffit souvent de choisir, lors de sa mise en route, la zone ou le pays d'utilisation, pour que les canaux Wi-Fi utilisés soient bien ceux autorisés en France.
26 novembre 2024 à 15h46
Source : ANFR