© Gouv.fr
© Gouv.fr

À ce rythme, il faudra pas moins de 100 ans pour rénover toutes les passoires énergétiques de France.

Pourtant, en plus de l'intérêt écologique et financier pour les particuliers, l’État met également la main à la poche pour participer au financement de ces travaux via le dispositif MaPrimeRenov'. Mais ces efforts sont largement torpillés par les différentes fraudes aux aides, commises à la fois par le secteur privé et certains énergéticiens. En plus de diluer l'efficacité du dispositif, ces abus ralentissent des milliers de projets légitimes, dont la régularité doit être contrôlée.

Seulement 60 000 chantiers en 2023

Si les pouvoirs publics, notamment par le biais du ministère de la transition écologique, ont déclaré la guerre aux passoires thermiques depuis plusieurs années, les résultats de cette campagne pour 2023 sont pour le moins mitigés. Car le pays pourrait passer sous la barre des six millions de ces logements aux faibles performances énergétiques en 2024, mais il ne devrait pas beaucoup s'en éloigner pour autant : seuls 60 000 chantiers en France cette année concernaient des rénovations d'isolation et de chauffage.

Si l'on en croit un article du journal Le Parisien, ce chiffre décevant serait en grande partie dû aux très nombreuses fraudes. L'une d'entre elles en particulier est particulièrement en vogue : la rénovation énergétique à un euro. Ce système repose sur les CEE ( Certificats d’Économie d’Énergie), qui contraignent les fournisseurs d'énergie à contribuer aux travaux de rénovation de leurs clients, avec pour chaque fournisseur des quotas annuels à respecter. Seulement, certains de ces fournisseurs n'hésitent pas à grossir artificiellement les devis pour les travaux ainsi effectués, leur permettant d'atteindre les quotas en question sans consentir à d'importants investissements. En décembre dernier, de nombreux CEE ont ainsi été annulés pour des entreprises comme Ynergie, Enr'Cert, ou encore Total Énergie.

© shutterstock
© shutterstock

Une évolution en 2024

Bien sûr, une telle fraude ne se fait pas directement aux dépens du client qui n'a dépensé qu'un euro, mais elle crée une inertie pour tout le système. Aujourd'hui, ce sont plusieurs milliers de dossiers qui sont bloqués et en attente d'être étudiés par le Pôle National du CEE, qui estimait le montant des fraudes à 800 millions d'euros en avril dernier.

C'est donc sans surprise que les pouvoirs publics ont lancé un nouveau plan contre la fraude en début novembre, qui consiste simplement en une augmentation du nombre de contrôles. Surtout, les chantiers de rénovations énergétiques en 2024 devront désormais être accompagnés par un professionnel certifié. Car apparemment, ce n'était jusqu'alors pas nécessaire.