L'Europe, pour se défaire de l'étau concurrentiel sino-américain, lance une offensive de première importance dans la guerre de production des batteries.
Alors que le prix des batteries électriques est en chute libre, la course planétaire dans la production de celles-ci ne cesse pas. La concurrence y est très rude, et l'Europe accuse un certain retard par rapport à d'autres grands acteurs, comme les États-Unis ou la Chine. L'UE a donc choisi de s'atteler au problème et a débloqué un gros financement visant à soutenir l'implémentation d'une usine Northvolt en Allemagne pour se positionner face à ses rivaux.
Un mouvement stratégique pour rester dans la course
Au vu de l'expansion des industries chinoises et américaines, l'Union européenne a pris une décision radicale. Selon Margrethe Vestager, commissaire à la Concurrence, c'est « la première aide autorisée par la Commission européenne » de ce type à être approuvée. Une décision qui vise explicitement à éviter que les grandes initiatives industrielles s'échappent du continent vers les États-Unis.
Un peu à l'instar du Chips Act, la Comission européenne a adopté en mars 2023 un nouvel ensemble de réglementations pour redynamiser et « faciliter les aides d’État en faveur de projets contribuant à réduire les émissions de CO2 de l’Union européenne ». Une réponse nette à l'Inflation Reduction Act américain et aux nombreuses subventions chinoises en faveur de l'industrie de la production électrique. Le risque de voir des entreprises européennes s'envoler vers l'Asie ou les USA devrait théoriquement être réduit.
Une victoire pour Northvolt… et pour l'Allemagne
C'est donc l'entreprise suédoise Northvolt (leader dans la fabrication de batteries pour VE) qui se retrouve grande gagnante de ce nouveau virage stratégique. Le montant de l'enveloppe, 902 millions d'euros, facilitera grandement l'édification de cette future usine de batteries en Allemagne. Prévue pour produire l'équivalent de 60 GWh par an (soit l'équivalent de l'équipement d'un million de VE annuellement), celle-ci a tout de même failli nous passer sous le nez.
En effet, Peter Carlsson, PDG de la société, avait exprimé quelques incertitudes en octobre 2023. « Le projet pourrait être repoussé » avait-il dit. Sans cette injection de fonds, il est quasiment certain que Northvolt aurait choisi de céder aux avances du gouvernement de Biden. C'est donc une victoire pour Northvolt, pour l'Europe, mais surtout pour l'Allemagne, qui se maintiendra largement à la tête de la production de batteries du Vieux Continent. L'usine sera prête à produire en 2026.
Sources : Automobile Propre, L'Argus