Si elle continue d'innover, la French Tech attire beaucoup moins de gros investisseurs que par le passé, avec des levées de fonds en forte baisse (-34 %) en 2023.
En 2022, la French Tech avait connu une année record, en levant 13,6 milliards d'euros. Mais la folie ne dure jamais bien longtemps, et l'année 2023 a été bien moins fleuve pour elle, avec 9 milliards d'euros cumulés, en recul de 34 %. La France n'a tout de même pas à rougir, puisque partout en Europe, les levées ont plongé. L'Hexagone est même seul derrière la Grande-Bretagne (16 milliards d'euros) et devance l'Allemagne (7 milliards d'euros). Tout cela confirme une chose : le financement se contracte.
Les grosses levées de fonds ont été beaucoup moins nombreuses l'an dernier
La bulle spéculative autour des start-up de la French Tech est-elle sur le point d'éclater ? Votre réflexion ne devra peut-être pas s'arrêter à notre article, mais nous allons vous livrer des éléments de réponse. Déjà, comme nous le confirme le dernière baromètre In Extenso Innovation Croissance, ESSEC Business School et France Angeles, les méga-levées sont sur le déclin.
Celles d'un montant supérieur à 50 millions d'euros ont chuté de 50 % sur un an, tandis que la France n'a enregistré que 13 tours de table à plus de 100 millions d'euros en 2023, contre 28 l'année précédente. Si le nombre de levées (1010) était en progression l'an dernier (+11 %), le ticket moyen (10 millions d'euros) a plongé de 36 %. Et c'est tout sauf anodin.
« Le marché de la Tech poursuit mécaniquement, et pour quelques trimestres encore, son cycle baissier. Or, c'est dans les crises que les écosystèmes montrent leur solidité et se fortifient pour mieux repartir. Non seulement l’écosystème de la French Tech résiste-t-il beaucoup mieux que celui des autres pays européens mais des initiatives majeures sont lancées pour le renforcer », analyse Nicolas Landrin, directeur exécutif au sein de l'ESSEC Business School. « La France est en train de créer les conditions pour devenir le pays le plus favorable d’Europe à la création et au développement de start-up », poursuit-il.
Capable de gros coups, la France doit s'attendre à plus de prudence de la part des investisseurs
Les professionnels nous expliquent donc que les jeunes pousses françaises sont et seront soutenues, mais dans des proportions moindres. Les tours de table mettent aujourd'hui plus de temps à se concrétiser, et les investisseurs ont des attentes très élevées en termes de rentabilité. Beaucoup d'entreprises sont soutenues à l'amorçage (+35 % en 2023) et la tendance reste à la création d'entreprises, mais on note une vraie contraction des conditions de financement, qui crée le doute pour l'année qui vient de démarrer.
La France aura réussi quelques « coups » en 2023, avec la levée de fonds historique de Verkor (850 millions d'euros), pour son projet de gigafactory de batteries. On pense aussi à celles de 385 millions puis 105 millions d'euros de Mistral AI, start-up d'intelligence artificielle générative spécialisée dans les grandes modèles de langage, comme OpenAI, qui a fait de l'ancien secrétaire d'État Cédric O un homme riche.
La French Tech a surtout brillé dans des secteurs comme l'énergie/Cleantech (2,6 milliards de d'euros), la santé (1,8 milliard) et le logiciel/software (1,2 milliard), alors que la FinTech dominait en 2022. Globalement, l'IA a évidemment eu un impact sur les levées de fonds, générant 1,4 milliard d'euros de financement en France. « L’année 2024 s’annonce ouverte mais la prudence reste de mise ! La Loi de finances 2024 permettra certainement de renforcer l’amorçage et d’accélérer la croissance de nos Deeptech », conclut la présidente-associée d'In Extenson Innovation Croissance, Patricia Braun.