Une caméra radar surveille la circulation sur une route © alexgo.photography / Shutterstock
Une caméra radar surveille la circulation sur une route © alexgo.photography / Shutterstock

Alors qu'il ne faisait que se gratter le visage au volant, un conducteur néerlandais a reçu, photo à l'appui, une amende de 380 euros, après avoir été flashé à tort par un radar. Depuis, il bataille pour faire annuler la sanction.

Vous ne pouvez pas téléphoner au volant, mais bientôt, vous ne pourrez même plus vous gratter la tête en conduisant. L'histoire vous semblera ubuesque, mais elle n'est sans doute pas un cas isolé, tant la technologie est aussi omniprésente qu'imparfaite dans nos vies, jusque dans les radars qui nous surveillent en voiture. Tim Hanssen, qui, comble de la chose, est un spécialiste de l'analyse d'images, a reçu une amende justifiée par un coup de téléphone au volant… alors qu'il ne tenait aucun objet dans sa main. Non, Tim a eu la bonne (plutôt, la mauvaise) idée de se gratter le côté droit du visage au moment de passer devant l'objectif.

Le conducteur qui se grattait la tête a un mal fou à faire entendre raison à l'administration néerlandaise

Depuis le mois novembre dernier, Tim bataille fort contre les autorités néerlandaises, pour faire annuler l'amende de 380 euros qu'il doit honorer, sans compter les 9 euros de frais administratifs. Convaincu que, ce jour-là, il ne téléphonait pas au volant, le Néerlandais a réclamé la photo soi-disant incriminante au Centre de recouvrement judiciaire local (CJIB), équivalent de l'ANTAI (Agence nationale de traitement automatisé des infractions) française.

Là, c'est la stupéfaction ! La photo confirme bien que Tim Hanssen ne tenait pas d'objet dans sa main, mais qu'il se grattait simplement une partie du visage. Pourtant, il a bien été sanctionné, mais alors pourquoi ? Tim est en fait victime d'un faux positif de l'algorithme de détection des infractions.

Aux Pays-Bas, et c'est aussi valable dans d'autres pays comme la France, les radars sont aujourd'hui des caméras intelligentes, qui fonctionnent à l'aide d'intelligences artificielles qui permettent de détecter que l'on porte bien sa ceinture, que l'on ne téléphone pas au volant, ou que l'on s'arrête bien au feu rouge. Monsieur Hanssen a alors tenté de comprendre l'algorithme qui l'a sanctionné.

Tim Hanssen photographié par un radar © Tim Hanssen
Tim Hanssen photographié par un radar © Tim Hanssen

L'algorithme est loin d'être infaillible, et Tim Hanssen l'a carrément prouvé

Cela tombe bien, Tim Hanssen a tenté de reproduire l'infraction. Pour cela, il a utilisé l'algorithme de détection d'objets en temps réel YOLO (« You Only Look Once »), qui reproduit le même schéma que celui qui l'a épinglé par erreur. Et il se trouve qu'en portant sa main vide contre son oreille, l'algorithme a encore détecté la présence d'un téléphone. Son analyse et sa recommandation d'amélioration sont particulièrement intéressantee.

« Il se pourrait bien que l’ensemble de données d’entraînement (NDLR : de l'algorithme) contienne peu ou pas de photos de personnes assises, la main vide sur l’oreille. Dans ce cas, le fait que le téléphone soit effectivement tenu dans la main devient moins important pour l'algorithme, mais cela suffit si la main est proche de l'oreille. Pour améliorer cela, davantage de photos devraient être ajoutées là où la main est vide, de préférence au moins quelques centaines de photos. »

Le pire dans cette affaire, c'est que Tim n'a pas seulement été victime d'une erreur algorithmique : il est aussi victime d'une erreur humaine. Car si un algorithme détermine que quelqu'un tient un smartphone en conduisant, un policier, bien humain lui, doit confirmer l'infraction. Ce qu'il a fait, à tort. Le conducteur doit désormais se défendre au tribunal. En voilà un qui n'est pas encore sorti de l'auberge !

Source : nippur.nl