Le gestionnaire du réseau électrique, Enedis, dit avoir recensé plus de 1 000 fraudes avérées au compteur Linky. Il rappelle qu'en plus d'être illégale, la pratique est à tous les coups détectable.
Le phénomène n'est pas nouveau, et crise énergétique oblige, il a même tendance à gagner en ampleur : la fraude au compteur Linky est un vrai fléau pour Enedis. Cette semaine, le directeur clients du fournisseur d'électricité, Éric Salomon, est sorti du bois pour essayer d'arrêter les fraudeurs, ou de stopper ceux qui voudraient s'y risquer. Le message est clair : toute tentative malveillante est aussitôt repérée par les services du gestionnaire.
Le compteur Linky dispose de dizaines d'alarmes automatiques qui le rendent inviolable ou presque
Auprès de nos confrères du Parisien, Éric Salomon explique que sur les 37 millions de Linky installés, on dénombre 1 000 fraudes avérées à date. Elles avoisineraient néanmoins les 10 000, selon des sources judiciaires. Certains techniciens peu scrupuleux et amateurs du compteur utilisent une technique de dérivation qui permet de réduire jusqu'à 75% la consommation électrique enregistrée.
Sur le papier, cela peut faire rêver en temps de crise, mais la pratique n'est pas sans risque : non seulement elle peut provoquer un incendie, mais elle est aussi largement détectable, outre le fait d'être totalement illégale. Insuffisant, toutefois, pour dissuader certains consommateurs.
Le point sur lequel insiste Éric Salomon, c'est l'atout technologique du compteur, qui lui permet d'être quasi inviolable. Linky dispose de plusieurs dizaines d'alarmes automatiques qui, à la moindre modification, peuvent remonter vers Enedis. Les milliers de contrôleurs de terrain assermentés et les agents qui travaillent en bureau avec le soutien de l'IA aident à débusquer les fraudeurs. « Nous savons que les fraudeurs ont des scellés identiques, réalisés à l'aide d'imprimantes 3D, mais nous pouvons tout de même remarquer certaines choses », explique le dirigeant.
07 mars 2024 à 08h08
Les fraudeurs, une fois débusqués, risquent amendes et peines de prison
La pratique étant relativement nouvelle, par cette ampleur tout du moins, les juges appliquent des sanctions au cas par cas. Une base existe tout de même, avec des peines pouvant aller jusqu'à 10 ans d'emprisonnement, et un million d'euros d'amende, outre le remboursement de l'électricité et des montants qui auraient vraiment dû être payés.
En décembre dernier, vous vous souvenez peut-être que des trafiquants de compteurs Linky ayant sévi en Bourgogne-Franche-Comté, qui d'ailleurs mettaient entre 1 000 et 2 500 euros dans leurs poches par intervention, furent respectivement condamnés à 2 ans (un an avec sursis) et un an de prison (avec sursis probatoire), ainsi que 10 000 euros pour l'un d'entre eux.
Dans ce type d'affaires, les juges n'oublient pas les clients, des consommateurs parfois considérés comme complices et poursuivis au pénal, rappellent nos confrères de Capital. Généralement, ils écopent d'une amende allant de 3 000 à 6 000 euros.
07 mars 2024 à 08h08
Source : Le Parisien