Les arnaques par téléphone, c'est bientôt fini ? On décortique le dispositif qui arrive 1er octobre

La fraude au faux conseiller bancaire, qui aboutit à de nombreuses arnaques, pourrait subir un sérieux revers. Le 1^er octobre 2024, un nouveau mécanisme complexe aidera à empêcher l'usurpation de numéros fixes.

D'ici quelques jours, les fraudeurs vont visiblement avoir bien plus de mal à faire des victimes à l'aide de la célèbre technique du faux conseiller bancaire, pour ne citer qu'elle. Un dispositif issu de la loi Naegelen de 2020, qui mérite explication, va être mis en place à partir du mois d'octobre. Il fait en sorte de délivrer un certificat d'authenticité de l'appel fixe reçu, censé bloquer l'usurpation de numéros de téléphone fixes.

Un nouveau dispositif pour freiner fortement les arnaques par téléphone

La fraude au faux conseiller bancaire, qui consiste à tromper un consommateur en l'appelant et en se faisant passer pour un employé pour lui faire accepter et valider des opérations frauduleuses sur ses comptes, est un vrai fléau. L'Observatoire de la Sécurité des moyens de paiement, issu de la Banque de France, a chiffré à 1,2 milliard d'euros le montant de la fraude aux moyens de paiement hors billets et pièces pour 2023. Celle au faux conseiller bancaire compte pour 32% du montant, soit 379 millions d'euros.

Si ces arnaques ont été nombreuses ces dernières années, il se pourrait bien que la technique du faux conseiller bancaire disparaisse dans les prochains mois, ou baisse fortement en intensité, à tout le moins.

Les fraudeurs ont pris l'habitude de se livrer au spoofing dit téléphonique, pour afficher sur le smartphone de la victime un numéro de téléphone qui n'est évidemment pas celui de l'appelant. Dès le 1^er octobre, les opérateurs télécoms vont pouvoir activer un nouveau dispositif, le programme MAN (mécanisme d'authentification des numéros). En quoi consiste-t-il concrètement ?

Les appels sans certificat d'authenticité seront tout simplement coupés

Le programme MAN était voulu par le législateur, qui souhaitait apporter une brique supplémentaire et efficace dans les divers mécanismes de protection des consommateurs, que les opérateurs, les fabricants de smartphones ou les autorités avaient déjà pu mettre en place par le passé. L'idée du mécanisme est de faire en sorte que toute personne qui reçoit un message ou un appel ne soit pas trompée sur l'identité de l'appelant. Autrement dit : il coupe les appels non authentifiés.

Plus précisément, le programme se base sur le plan de numérotation du régulateur, l'ARCEP, et sur l'infrastructure Stir/Shaken d'authentification des numéros, qui repose sur un protocole américain. Dès le 1^er juin, les opérateurs ont pu déployer le dispositif sur leurs interconnexions SIP (méthode qui permet de passer ou de recevoir des appels téléphoniques grâce à une connexion internet), sans toutefois procéder à des coupures.

Désormais, ils vont avoir le champ libre. Qu'est-ce qui va changer ? Chaque appel provenant d'une ligne fixe sera authentifié par les opérateurs téléphoniques, qui lui attribueront un certificat que l'appel conservera tout au long de la chaîne de transmission. Dès lors que le certificat apparaît comme non conforme ou invalide, en gros, au moindre doute, l'opérateur coupera l'appel. On ne s'emballera toutefois pas tout de suite. Seuls les appels provenant de lignes fixes, certes majoritairement utilisés par les individus malveillants, sont concernés. Mais voilà une vraie avancée dans la lutte contre la fraude.

Sources : Le Parisien, Clubic