Les amendes routières rapportent plus de 2 milliards d'euros à l'État chaque année. Mais où va réellement cet argent ? Malgré les promesses de départ, la sécurité routière ne profite que partiellement des radars.

Le radar Fusion 2 installé à proximité des plages marseillaises © Alexandre Boero / Clubic
Le radar Fusion 2 installé à proximité des plages marseillaises © Alexandre Boero / Clubic

Depuis l'installation du premier radar automatique en 2003 en France, célébré par le président Jacques Chirac à l'époque, l'État a maintes fois assuré que 100% des recettes générées seraient affectées à l'amélioration de la sécurité routière. Pourtant, la réalité est bien différente. Car derrière les chiffres officiels se cache un système opaque, où une partie importante de cet argent est détournée vers d'autres postes budgétaires.

Les amendes radar et hors-radar rapportent gros

Les recettes issues des amendes routières atteignent désormais plus de 2 milliards d'euros par an, ce n'est pas rien. Oui, il s'agit d'un montant record, en hausse d'ailleurs de 239 millions d'euros par rapport à 2024. Cet argent provient des « amendes forfaitaires radars non majorées et des amendes forfaitaires hors radars et amendes forfaitaires majorées », comme l'indique la littérature ministérielle.

Mais où va donc cet argent ? Selon les chiffres officiels, plus de 60% de ces recettes seraient affectées à des dépenses de sécurité routière. Pourtant, un examen plus approfondi mené par la Ligue de Défense des Conducteurs montre une autre réalité.

Alors sécurité routière ou désendettement ?

Sur ces 2 milliards d'euros, l'État prélève en réalité 45 millions pour le budget général, 26 millions pour la santé et 726 millions pour le désendettement de la nation. Soit plus d'un tiers de la somme qui n'a rien à voir avec la sécurité routière.

Une part importante des amendes est aussi redirigée vers l'ANTAI, l'Agence de traitement des infractions, qui voit son budget augmenter de 18% en un an. Or, cette agence n'a pas pour seule mission de traiter les infractions routières, puisqu'elle s'occupe désormais de tout, des PV pour occupation de halls d'immeubles aux amendes pour usage de stupéfiants.

Bref, vous aurez compris que la promesse de 100% des recettes affectées à la sécurité routière s'est transformée en une réalité bien éloignée des engagements initiaux.

Un radar de circulation © elmar gubisch / Shutterstock

Des budgets en baisse pour les routes et la sécurité routière

Pire encore, l'argent qui reste pour la sécurité routière et l'entretien des routes ne cesse de diminuer d'année en année. Seuls 245 millions d'euros sont affectés à l'AFITF, l'Agence de financement des infrastructures de transport. Là encore, cette enveloppe sert aussi au financement du ferroviaire et d'autres modes de transport, et non uniquement à l'entretien des routes.

Enfin, une part importante des amendes est redistribuée aux collectivités locales, censée servir à des « travaux commandés par les exigences de sécurité routière ». Mais la loi le dit clairement : cet argent est d'abord destiné aux transports en commun, aux zones à trafic limité et aux aménagements cyclables. Autant de dépenses qui, certes, contribuent à la sécurité, mais détournent une partie de cet argent de sa vocation première.

En résumé, derrière les chiffres ronflants des recettes issues des radars se cache une réalité bien plus complexe. Il n'était pas certain que les conducteurs eurent été mis au courant.