La centrale à charbon de Saint-Avold, l'une des deux dernières du pays, a dû reprendre du service cette semaine pour répondre aux besoins énergétiques hivernaux. Une mesure qui remet en question les objectifs de décarbonation.

La France n'en a pas encore fini avec le charbon © ZrmdhnImages / Shutterstock
La France n'en a pas encore fini avec le charbon © ZrmdhnImages / Shutterstock

Malgré les engagements de la France à s'affranchir totalement du charbon d'ici 2027, la centrale thermique de Saint-Avold, en Moselle, a dû redémarrer en fanfare mardi 12 novembre pour satisfaire les besoins de production d'électricité, alors que se profile la période hivernale. Une situation paradoxale qui forcément interroge sur l'avenir de ce site industriel essentiel pour la région, dont la reconversion reste encore incertaine.

La centrale thermique de Saint-Alvod relance son activité

Chaque année, à l'approche de l'hiver, lorsque le froid s'installe et que le système énergétique est sous tension, la centrale à charbon de Saint-Avold reprend vie. Cette année encore, l'usine a redémarré sa production, une action qui contraste avec la volonté de la France de se passer complètement du charbon d'ici à trois ans, pour lutter contre le dérèglement climatique.

La centrale thermique, l'une des deux dernières du pays avec celle de Cordemais en Loire-Atlantique, fut fermée début 2022, avant de rouvrir en janvier 2023. Mais voilà qu'elle est peut-être partie pour produire l'équivalent d'un tiers de la consommation électrique du Grand Est. C'est ce dont elle est capable lorsqu'elle fonctionne à plein régime.

Les 500 emplois directs et induits à mettre au crédit de l'installation sont en tout cas essentiels pour la région. Ils restent néanmoins menacés à terme par la volonté, légitime, de décarboner le secteur énergétique du pays.

Une reconversion vers des énergies plus vertes en suspens

Si la fermeture de la centrale de Cordemais a été actée, celle de Saint-Avold reste en suspens. Pourtant, Emmanuel Macron s'était engagé en septembre 2023 à ce que les deux dernières centrales à charbon du pays soient reconverties d'ici 2027, vers le biogaz ou la biomasse notamment. Mais depuis, le projet de reconversion de Saint-Avold n'a toujours pas été confirmé, ce qui ne rassure pas les salariés.

Ceux-ci ont d'ailleurs déposé un préavis de grève le 25 septembre dernier, qui court jusqu'en avril 2025. Ils craignent que, sans garantie sur leur avenir, la centrale ne soit finalement fermée en 2027 sans autre alternative d'emploi pour eux, et ce qu'ils se retrouvent une main devant, une main derrière, comme on dit. Un amendement avait bien été voté à l'Assemblée nationale pour assurer cette reconversion, mais il a finalement été supprimé.

La ministre chargée de l'Énergie Olga Givernet a, certes, assuré mardi que l'État était « attaché à trouver une solution pérenne » pour le site et ses employés. Mais elle a aussi émis des réserves sur un projet de conversion au gaz, estimant qu'il faudrait privilégier des énergies « décarbonées » comme le biogaz ou la biomasse. Le gouvernement semble donc encore tergiverser sur l'avenir de cette centrale, malgré l'urgence climatique.

Source : France Info