Une usine de raffinage de lithium va être construite au Havre. L'investissement, d'environ 2,6 milliards d'euros, comprend également des projets industries de stockage d'hydrogène et de méthanol.
Après des années de retard, la France semble enfin décidée à se doter d'une filière du lithium. Il y a quelques jours, le gouvernement a annoncé l'implantation de trois nouvelles entreprises au Havre, dont une raffinerie de lithium bâtie par Livista Energy. Cette usine, qui devrait être opérationnelle d'ici 2028, permettra de raffiner 40 000 tonnes de lithium par an. Elle pourrait aider à équiper 750 000 voitures électriques, selon Les Echos. Le projet est salué par les spécialistes comme « fondamental » pour la transition énergétique.
Du lithium raffiné au Havre, pour rattraper le retard de la France
Alors pourquoi Le Havre ? En plus des subventions et de l'accompagnement de l'État, le port en eau profonde offre des infrastructures logistiques idéales pour approvisionner l'usine en matières premières et exporter le lithium raffiné destiné aux batteries électriques.
N'oublions pas que les coûts de l'électricité, élément crucial pour le raffinage, sont plus compétitifs en France qu'en Allemagne, qui fut l'autre piste envisagée par Livista. Mais dans tous les cas, le projet ne doit-il pas être vu comme un rattrapage face à la domination chinoise sur ce marché ?
Selon un rapport du gouvernement australien, la Chine raffine plus de 60% du lithium mondial. « On aurait peut-être pu le faire plus tôt, d'ailleurs, si on y réfléchit », commente le professeur d'histoire économique et spécialiste des matières premières Philippe Chalmin, sur France Info.
Lithium, hydrogène et méthanol : un écosystème vert au port du Havre
L'arrivée de cette raffinerie intervient dans un contexte de marché particulièrement instable. Les cours du lithium, qui ont flambé en 2022 avant de s'effondrer cette année, sont extrêmement volatils. Une situation que certains observateurs attribuent à une instabilité qui serait orchestrée par la Chine, dans le but d'écarter la concurrence.
Le développement des batteries LFP (lithium-fer-phosphate), moins chères mais aussi moins performantes que les batteries NMC (nickel-manganèse-cobalt), pourrait remettre en cause les plans initiaux de Livista. Le groupe envisage donc d'ajuster la qualité de ses produits pour s'adapter à cette nouvelle donne.
Outre la raffinerie de lithium, qui représente 1,2 milliard d'investissements et la création de 300 emplois directs, Le Havre accueillera donc deux autres projets. L'Américain Air Products implantera un site d'import d'hydrogène renouvelable à hauteur de 1,1 milliard d'euros et 270 emplois potentiels. Un accord avec TotalEnergies lui permettra de lui fournir 70 000 tonnes d'hydrogène par an. Enfin, l'entreprise française Qair investira 500 millions pour produire et stocker de l'hydrogène et du méthanol verts pour le transport maritime, créant 150 emplois directs.
Sources : France Info, Les Echos