© Mike Bird / Pexels
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Alors que la prédominance mondiale de la Chine dans l'extraction de cet élément très convoité est une source d'inquiétude, l'Europe se découvre de nouveaux gisements. Une bonne nouvelle, certes, mais à quel prix ?

L'extraction de lithium sur le Vieux Continent semble prendre son essor. Rien qu'en France, de nouvelles sources promettent de répondre à une demande toujours croissante. Et, il en va de même chez certains de nos voisins.

En effet, indispensable à la transition énergétique envisagée par l'Union européenne, le lithium fait l'objet d'intenses recherches. Récemment, des traces de ce matériau ont été trouvées dans la région d'Anvers, en Belgique, et le potentiel paraît plus que satisfaisant.

Du lithium caché dans l'eau

Cette trouvaille, on la doit à Hita, une entreprise spécialisée dans la géothermie. « Nous avons découvert que les régions de la Campine anversoise et limbourgeoise contiennent du lithium très convoité dans les profondeurs du sous-sol », annonce ainsi son dirigeant. En effet, c'est dans l'eau pompée à plus de 1 000 mètres sous le plancher belge que des traces de ce matériau ont été trouvées.

La concentration de lithium y serait de 100 mg par litre d'eau. Un chiffre « très correct », selon Bart Michielsen de l'institut de recherche VITO, même si le seuil de rentabilité se trouve dans les 150 mg par litre d'eau. Toutefois, le potentiel de ces gisements reste important : « une centrale géothermique en Flandre peut produire chaque année 500 tonnes d'hydroxyde de lithium », explique le spécialiste. Il poursuit : « Si l'on multiplie ce chiffre par les 30 centrales qui seront construites d'ici 2050, on obtient 15 000 tonnes d'hydroxyde de lithium ».

En 2030, seule une dizaine de centrales géothermiques seront opérationnelles dans la région. De quoi produire 5 000 tonnes de ce composé par an, ce qui pourrait participer à la fabrication de 125 000 voitures électriques.

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Une véritable mine d'or

Cela signifie-t-il que nous allons pouvoir réduire notre dépendance à l'égard de la Chine pour la production de batteries ? Certainement, mais dans une certaine mesure. Selon l'Agence internationale de l'énergie, la demande mondiale de lithium pourrait être multipliée par 9 d'ici à 2050, ce qui sera difficile à combler sur notre continent. D'autant que les besoins de cette matière première y seront particulièrement élevés, car les véhicules électriques sont en plein essor sur nos routes. Notamment en raison de l'interdiction de la vente de voitures thermiques dans la région à l'horizon 2035.

Toutefois, cette augmentation de la demande devrait entraîner une hausse des prix du lithium. Rien qu'entre 2018 et 2022, le prix de la tonne de carbonate de lithium est passé « de moins de 20 000 euros à près de 80 000 euros », rapporte le journal La Libre. Une aubaine pour les opérateurs européens, qui pourraient bientôt se retrouver avec de véritables mines d'or entre les mains. D'autant que les gouvernements du continent veulent limiter l'utilisation de cette ressource en provenance de la Chine. Reste à espérer que cela n'aura pas trop de répercussions sur le coût des voitures électriques, qui sont pour le moment de plus en plus abordables.

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Quant à l'impact écologique, il s'agira d'une question forcément sensible. Les activités minières ne sont pas réputées pour être les plus vertueuses, et il sera moins facile de détourner le regard dès qu'elles s'intensifieront chez nous. Pourtant, l'extraction de ce composé serait moins nocive pour notre planète lorsqu'elle est issue de la géothermie. « Cela respecte davantage l’environnement que l’extraction minière classique », explique Nicolas Dupont, spécialiste de l’UMONS.

De plus, les réglementations européennes devraient inciter les opérateurs à être plus attentifs aux questions environnementales que dans d'autres régions du monde. Et, grâce aux avancées industrielles en matière de recyclage des batteries, il se pourrait que la fabrication de celles-ci soit plus verte en Europe qu'ailleurs. Ce qui ne serait pas un luxe, compte tenu des critiques formulées à l'encontre de l'impact écologique des véhicules électriques.

Source : La Libre