Le détournement des compteurs Linky est de plus en plus répandu en France. L'un des trafiquants du petit boitier vert d'Enedis a expliqué son « business », très lucratif.
Les compteurs intelligents Linky, censés sécuriser la distribution électrique, ne peuvent plus jouir de la réputation d'appareils inviolables. Ils sont désormais la cible de réseaux organisés, avec des individus qui proposent ouvertement leurs services sur les réseaux sociaux et messageries électroniques, en promettant de modifier illégalement les dispositifs de comptage pour réduire les factures d'électricité de leurs clients. Certains « techniciens » gagnent plusieurs milliers d'euros d'argent de poche ainsi.
Le trafic des compteurs Linky, une manœuvre accessible, « même pour des ados »
Le système de fraude se développe rapidement, et il est plutôt simple. Les « traquants » de compteurs proposent leurs services à des tarifs précis. Comptez 350 euros pour un particulier, et 600 euros pour un professionnel. En quelques minutes, ils sont capables de modifier un compteur Linky, et de permettre de réduire la facturation jusqu'à 70% de la consommation réelle. La formation à ces techniques s'achète d'ailleurs en ligne désormais, certains experts proposant des cours, contre rémunération, parfois jusqu'à 1 500 euros.
La technique, décrite par l'un de ces experts au magazine Sept à Huit Life, est présentée comme accessible à tous, « même un adolescent pourrait le faire », explique l'un des trafiquants. Il n'y a pas besoin de formation technique particulière, et les interventions sont basées sur des méthodes simples et reproductibles, en quelques minutes à peine. Pour trouver plus facilement le consommateur, ils proposent carrément leurs services sur Telegram ou encore Snapchat.
Ces opérations frauduleuses sont présentées comme un complément de revenu attractif. Un traquant témoigne gagner entre 2 000 et 3 000 euros mensuels, bien au-dessus du SMIC, en ne réalisant que deux à trois interventions hebdomadaires. Certains s'y mettent pour tout simplement compléter les fins de mois, plus difficiles avec la hausse du coût de la vie.
Enedis riposte et brandit la menace des lourdes sanctions
Enedis a récemment déployé une patrouille de plusieurs dizaines d'agents, chargés de débusquer les fraudeurs dans tout l'hexagone. Le gestionnaire de réseau public dit avoir détecté plus de 100 000 compteurs trafiqués et avoir perdu environ 2 TWh d'électricité dans l'affaire. Mais un système d'alarme est désormais intégré dans le compteur : toute ouverture non autorisée déclenche immédiatement une notification. Les équipes spécialisées traquent et identifient systématiquement les fraudes potentielles.
Les techniciens, animés pour certains par un sentiment de relative impunité, s'exposent à des poursuites. On sait que la fraude au compteur est passible d'une amende pouvant atteindre 1 million d'euros et 10 ans d'emprisonnement. Généralement, Enedis envoie des mises en demeure à l'usager et exige de lui le remboursement immédiat de l'électricité soustraite sous peine de coupure de courant. Mais vous l'aurez compris, les sanctions peuvent être plus lourdes.
Cette recrudescence des fraudes témoigne en tout cas des vraies tensions économiques actuelles. Les prix de l'énergie ont explosé, une nouvelle hausse de l'électricité est à craindre, et forcément, certains consommateurs cherchent désespérément des solutions pour réduire leurs factures, quitte à emprunter des chemins illégaux.
Source : TF1