Pour enrayer le phénomène des manipulations illégales de compteurs Linky, Enedis déploie une grosse opération de contrôle. Le distributeur d'électricité a formé de nombreux agents pour traquer les fraudeurs partout où ils sévissent.
La forte hausse des tarifs de l'électricité ces dernières années a donné des idées à certains, techniciens ou non, qui se sont mis en tête de trafiquer les compteurs Linky. Enedis n'a de cesse, depuis plusieurs mois, de répéter avoir constaté une recrudescence des fraudes au petit boîtier vert fluo. Pour lutter contre ce fléau, le distributeur a lancé une campagne de contrôle et de régularisation, non sans renforts humains. Le mot d'ordre : ceux qui ont fraudé, paieront.
Enedis déploie des centaines d'agents en France pour débusquer les fraudeurs
Pour mener à bien sa mission, Enedis ne lésine clairement pas sur les moyens. L'entreprise a déjà formé 250 agents spécialisés dans la détection des fraudes, et prévoit d'en former 250 autres dans les prochains mois, comme l'indique Le Parisien. Les dénicheurs sont équipés pour repérer les modifications illégales des compteurs, comme l'installation de « shunts », ces dérivations qui permettent de consommer de l'électricité sans qu'elle soit comptabilisée.
La première phase de l'opération, qui vient d'être lancée, cible dans un premier temps 500 clients suspects dans cinq régions issus des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est, Île-de-France, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dans la forme, les agents d'Enedis effectuent des visites sur place pour vérifier l'état des installations et procéder aux régularisations nécessaires.
L'entreprise explique disposer également d'outils technologiques lui permettant d'identifier les anomalies à distance. Les courbes de consommation anormales et les alertes générées par les compteurs Linky permettent par exemple de cibler plus efficacement les interventions sur le terrain.
Des conséquences financières et juridiques pour ceux qui ont fraudé
Pour les fraudeurs, la note risque d'être salée. Enedis prévoit d'envoyer de factures de rattrapage, dont le montant pourrait s'avérer conséquent, selon la durée et l'ampleur de la fraude. À cela s'ajoutent des frais d'intervention, facturés 530 euros pour la remise en conformité de l'installation par les agents. À Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), une habitante qui avait fait passer sa consommation de 5,5 kWh à 2,3 kWh va devoir payer 300 euros de rattrapage, pour 9 mois de fraude.
Mais les conséquences ne s'arrêtent pas là, et les dossiers peuvent aller assez loin. Tous les dossiers de fraude seront transmis au procureur de la République. Si aucun client n'a encore été poursuivi pénalement, le risque est bien réel : la fraude au compteur est passible d'une amende pouvant atteindre 1 million d'euros et de dix ans d'emprisonnement.
Les installateurs de dispositifs frauduleux sont aussi et évidemment dans le collimateur de la justice. Plusieurs condamnations ont déjà été prononcées pour « escroquerie en bande organisée et détérioration de biens », certains prévenus écopant même de peines de prison ferme.
Source : Le Parisien