Quatre années de bataille judiciaire, des accusations de vol de technologies sensibles et un climat délétère entre deux géants de la voiture électrique : l'affaire qui opposait Tesla à Rivian pourrait connaître son épilogue.
Tesla accusait un de ses concurrents américains, le constructeur Rivian, d'avoir organisé le débauchage stratégique de ses employés pour s'approprier sa technologie de batteries. L'entreprise de Musk vient d'annoncer au tribunal son intention de retirer sa plainte. Un compromis, dont les termes demeurent confidentiels, devrait être officialisé d'ici le 24 décembre, marquant ainsi la fin d'un conflit qui fut très médiatisé.
L'histoire débute en juillet 2020, contexte où la concurrence sur le marché des véhicules électriques était déjà assez rude. Tesla dépose alors une plainte retentissante contre Rivian, l'accusant d'avoir mis en place un système organisé de détournement de secrets industriels. Au cœur de l'affaire : treize recruteurs, tous anciens de Tesla, soupçonnés d'avoir facilité le transfert d'informations confidentielles.
Un réseau d'espionnage industriel présumé
Parmi les quatre accusés principaux, deux anciennes recruteuses, Tami Pascale et Kim Wong, auraient téléchargé des documents stratégiques sur les politiques de recrutement et les grilles salariales avant leur départ. Jessica Siron, ex-responsable EHS (Environmental, Health, and Safety) chez Tesla, aurait emporté des données sensibles sur les processus de fabrication, les spécifications des équipements robotisés et la gestion des projets industriels. La quatrième protagoniste, Carrington Bradley, spécialiste du réseau de Superchargeurs de Tesla, complète ce tableau de l'opération.
« Ces documents comprenaient des informations hautement sensibles, relevant de secrets commerciaux, confidentielles et propriétaires, concernant la gestion de projets de fabrication, les spécifications de contrôle des équipements de fabrication, les spécifications relatives à la robotique de fabrication et les exigences des équipements de fabrication », avait alors déclaré Tesla.
De l'accusation à la négociation : les dessous d'un accord
L'affaire prend une nouvelle dimension en 2021 lorsque Tesla précise ses accusations, pointant spécifiquement le vol présumé de sa technologie de batteries nouvelle génération. Les tentatives initiales de règlement à l'amiable ayant échoué, le dossier est transféré devant les tribunaux.
Aujourd'hui, le compromis en cours de finalisation s'inspire vraisemblablement du précédent créé par l'affaire Zoox (spécialisée dans les taxis autonomes aussi), autre start-up filiale d'Amazon qui fut poursuivie par Tesla pour des faits similaires. Cette dernière avait accepté de verser des dommages et intérêts et de se soumettre à un audit interne pour garantir l'absence d'utilisation des technologies Tesla.
Bien que les termes exacts de l'accord avec Rivian demeurent confidentiels, il pourrait inclure des mesures de contrôle similaires, permettant à Tesla de s'assurer qu'aucune de ses technologies propriétaires n'a été exploitée, particulièrement concernant sa technologie de batteries nouvelle génération.
L'enjeu est d'autant plus sensible que Tesla soupçonne spécifiquement le vol des secrets liés à ses cellules de batterie 4680 et à son pack de batteries. De son côté, Rivian prévoit d'utiliser des batteries 4695 fournies par LG Energy Solutions, une technologie différente, mais qui partagent une structure commune. C'est potentiellement cette proximité technologique qui aurait pu alimenter les soupçons et motiver les accusations de Tesla.
Source : Electrek