L'État propose de racheter une partie stratégique d'Atos pour 500 millions d'euros. Cette nationalisation partielle concerne les activités de calcul avancé du groupe, essentielles pour la souveraineté numérique française, notamment dans le domaine de la défense.

L'État français est au chevet d'Atos © Alexandre Boero / Clubic
L'État français est au chevet d'Atos © Alexandre Boero / Clubic

Si les difficultés financières d'Atos sont connues de tous, l'État français a fait un pas décisif pour sécuriser les activités stratégiques du groupe. Le ministère de l'Économie vient en effet d'entrer en négociations exclusives pour acquérir les activités « Advanced Computing » de la division BDS du géant technologique hexagonal. Cette entité, qui emploie 2 500 personnes et génère 570 millions d'euros de chiffre d'affaires, est cruciale pour la souveraineté nationale. Elle est dédiée aux activités de calcul avancé de l'entreprise.

L'État veut nationaliser en partie Atos et dit assumer son rôle

La proposition de l'État français, rendue publique tôt ce lundi 25 novembre, représente une valorisation initiale de 500 millions d'euros, qui pourrait atteindre 625 millions avec des compléments de prix. L'offre a officiellement été déposée la veille, le 24 novembre, par l'Agence des Participations de l'État. Elle cible spécifiquement les activités de calcul avancé, ce qui inclut les supercalculateurs et serveurs haute performance.

Plus précisément, le périmètre concerné comprend les divisions HPC (High-Performance Computing), Quantum, ainsi que Business Computing & Artificial Intelligence. Soit autant de technologies essentielles pour la simulation des essais nucléaires et la sécurisation des communications militaires françaises, qui justifient l'intervention directe de l'État dans ce dossier.

Le ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Antoine Armand, s'est expliqué sur l'importance stratégique de cette acquisition envisagée. « Il est du rôle de l'État que de garantir, comme actionnaire lorsque cela le justifie, la pérennité et le développement des activités industrielles les plus stratégiques pour notre souveraineté », déclare-t-il ce matin dans un communiqué.

Un processus de restructuration plus large, fondamentale pour la survie d'Atos

Cette opération est effectuée dans le cadre du plan de restructuration plus vaste pour Atos. L'entreprise s'est par ailleurs engagée à lancer un processus de cession distinct pour ses autres activités souveraines, notamment les branches Cybersecurity Products et Mission Critical Systems, qui représentent environ 340 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Peut-être un mot du calendrier ? Les négociations exclusives courront jusqu'au 31 mai 2025, avec un paiement initial prévu de 150 millions d'euros, dès la signature du contrat. Cette étape est en tout cas déterminante pour Atos, qui cherche à réduire son endettement et à retrouver une stabilité financière, avec un objectif de levier financier entre 1,8 et 2,1 fois l'EBITDA pour 2027. Il faudra pour cela que la base de valeur d'entreprise de 500 millions d'euros soit respectée.

La finalisation de la transaction reste, comme le veut la réglementation, soumise à diverses autorisations, notamment commerciales et administratives, ainsi qu'à la validation par le Tribunal de commerce de Nanterre dans le cadre du plan de sauvegarde en cours. Notons, enfin, que l'État, déjà actionnaire d'Atos, conservera un droit de regard sur les futurs acquéreurs des autres activités stratégiques du groupe.