Atos, aux abois avec une dette de 5 milliards d'euros et une action en chute libre, fait l'objet d'intenses tractations pour son sauvetage. La Commission des finances de l'Assemblée nationale vient d'approuver un amendement prévoyant sa nationalisation, tandis que l'entreprise cède certains actifs stratégiques.

Atos restera-t-il dans le giron français ? © nitpicker / Shutterstock
Atos restera-t-il dans le giron français ? © nitpicker / Shutterstock

Son sauvetage n'en finit plus. Malgré une dégringolade vertigineuse de son action, passée de 150 euros il y a 25 ans à 0,67 euro aujourd'hui, Atos pourrait bien être sauvé par l'État.

Il faut dire que le géant de l'informatique gère des infrastructures critiques pour la défense nationale, le nucléaire et les collectivités territoriales. Et bien que le plan de sauvetage validé par le tribunal de commerce de Nanterre prévoie déjà une prise de contrôle par les créanciers, qui abandonneraient 3,1 milliards d'euros de dette, le gouvernement compte monter au créneau. Il entendait d'ailleurs déjà nationaliser l'ensemble des activités souveraines du groupe en avril dernier.

L'État français déploie son arsenal pour garder la main sur un fleuron technologique

La Commission des finances a décidé de bomber le torse en approuvant un amendement qui alloue 70 millions d'euros pour étudier la nationalisation d'Atos. Cette décision, portée par le groupe LFI-NFP, traduit une volonté politique claire : ne pas laisser partir à la découpe une entreprise stratégique pour la souveraineté nationale. C'est en tous les cas ce que semble dire le député LFI Bastien Lachaud sur son compte X.com.

Car Atos n'est pas n'importe quelle société informatique. Elle contribue à la dissuasion nucléaire, gère les systèmes des centrales atomiques et fournit des services essentiels aux administrations locales. Le gouvernement a d'ailleurs déjà pris les devants en acquérant une action de préférence dans la filiale des supercalculateurs, s'octroyant ainsi un droit de veto sur d'éventuelles tentatives de rachat étrangères. Comme disait Richelieu, « en matière d'État, il faut toujours se méfier du premier mouvement, car c'est le bon ».

Leonardo, le supercalcultateur français d'Atos © cineca
Leonardo, le supercalcultateur français d'Atos © cineca

La restructuration bat son plein entre cessions stratégiques et négociations gouvernementales

Mais ces tractations sur la nationalisation ne laissent pas Atos en pause. L'entreprise vient d'officialiser la vente de sa filiale Worldgrid à Alten pour 270 millions d'euros. Cette entité développe les logiciels de pilotage des centrales nucléaires en France et à l'international. En parallèle, des négociations sont en cours avec l'État pour la reprise d'activités hautement stratégiques : supercalculateurs pour la simulation d'essais nucléaires, systèmes de communications des Rafale et outils de cybersécurité.

Le gouvernement a mis 700 millions d'euros sur la table, mais Atos en veut plus. Les créanciers, eux, s'engagent à injecter jusqu'à 1,675 milliard d'euros pour relancer la machine. Un véritable bras de fer financier se joue, alors que l'entreprise a déjà perdu près de 2 milliards d'euros rien qu'au premier semestre 2024.

À ce stade, seul l'avenir nous dira si l'État français aura mis suffisamment de beurre dans les épinards pour sauver la mise.

Source : The Register